7 L’ŒUF DUR 10 ger. » Marcel fit signe que oui. — « J’aime bien les animaux, déclara Anna, et vous ?» — « Certainement, répondit Marcel. » Ils s’arrêtèrent. — Flip se coucha devant eux et mangea de l’herbe. Anna haussa les épaules et tendit en riant sa main à Marcel. Marcel, encouragé, reprit la conversation : « — Comme les choses sont sereines dans la lumière du printemps. » — « La sérénité du printemps ? » murmura Anna. — « Quand voudrez-vous, poursuivit doucement Marcel, fixer la date de notre mariage ? » Anna lui prit le bras, et répondit avec ardeur : « Vous vous dites que vous m’aimez et cela vous suffit ; vous vous représentez notre noce et vous êtes heureux. Pour moi, Marcel, je ne peux pas. Tout ce qui arrivera est trop simple pour que j’en rêve. Je suis sûre de vous aimer aussi, malgré mes finesses et mes gaucheries, mais l’idée de tout cela me fatigue ; pourtant je ne puis m’en délivrer l’esprit. Depuis longtemps, Marcel, je ne dis rien de ce qu’il faut dire, je ne pense rien de ce qu’il faut penser. Je crois qu’il y a quelque chose de bon à penser ; mais j’ignore quoi et je suis malheu reuse aussi. Il y a quelque chose de bon à dire et ce n’est cer tainement pas ce que je dis. » — « Vous cherchez trop, Anna, murmura Marcel, laissez-vous aller comme tout le monde à vos plaisirs. Comme tout le monde. » — « Mais, répondit Anna, c’est justement ce que je ne veux pas, » — « Vous avez tort, dit Marcel, » — « Je le sais bien, cria Anna, seulement vous ne m’apprenez pas ce qui me manque pour que j’aie raison ...» — Marcel répliqua sans se troubler : « Si, soyez naïve. » — Elle n’osa pas le contredire, quoique le conseil ne fut pas neuf. Flip fourrait son museau dans la terre et grognait en flairant une musaraigne.