22 peut pas nier que les rag-times et les danses nègres ne soient pas d’un superbe dadaïsme. Le discrédit de boche est un anathème puéril, inexact, et par cela inefficace. La Presse ! Ah ! oui, quel tintamarre autour de Picabia et des Dada ! La presse procure un grand divertissement aux intimes du cénacle, celui de collectionner les coupures ; on a même préposé à cet emploi un secrétaire bénévole car ce n’est pas une sinécure que d’écouter et de compulser ce que l’on dit. Ces articles et articulets forment le plus gros sottisier qu’un mouvement puisse motiver. Les critiques ne sont pas très variées du reste et après l’envoi de bochisme tourné de mille manières, c’est presque toujours, en conclusion, le souhait exprimé d’envoyer les dadaïstes à Charenton. C’est court comme idée. Louons cependant l’éclectisme de certains directeurs de journaux qui ouvrirent largement leurs colonnes à la polé mique dadaïste. M. Georges Casella facilita ainsi la tâche des rédacteurs de Comœdia et je gage qu’il a souvent le sourire en relisant certains articles quand il s’agit de Picabia, car, à l’encontre de tant d’autres, il connaît l’œuvre, le talent et la sincérité de ce peintre. André Salmon, à l'Europe Nouvelle, a publié d’inté ressants articles. Tous les grands quotidiens du matin et du soir ont donné des opinions et jeté des mots saugrenus, durs comme des coups de cailloux. M. Paul Souday, dans le Temps à propos du dernier festival, ramène à l’expression de la vérité tel besoin de har diesse qui caractérise les jeunes. 11 est certainement trop fin pour crier au scandale et trop éclairé pour jeter l’anathème.