28 Je veux en espiègle m'assombrir dans les bras De ma jolie maman Souvenir du ciel bleu Où j’aurais pu me blottir Il faut tâcher de tout oublier L’agonie du monde en vertige De héros qui tournoient Les valses hideuses de la guerre Dans Vatmosphère énigmatique FA masquée. Le poète donne dans ce dernier poème une subtilité de sentiment d’une délicatesse exquise; comment ne pas rêver, se souvenir, comment ne pas pleurer en soi à l’évocation de ces chères images ? On sent à chaque mot un cœur qui aime, qui palpite et qui souffre. Un titre bizarre, Unique Eunuque, nous prédispose à une méfiance barbare en ouvrant la seconde plaquette. C’est en effet un poème unique manquant de virilité où l’auteur semble avoir poursuivi le problème d’enregistrer comme sur une plaque sensible les images les plus dispa rates telles qu’elles se présentent à l’esprit, avec divagation. On pense souvent en effet sans but, et l’esprit perçoit alors comme l’œil le vol d’une hirondelle dans l’azur ; un souve nir lubrique ou banal lui succède, par bonds ; un chant traverse l’espace et frappe l’oreille ; la mémoire frémit à un choc douloureux, une joie vous transporte subitement, une caresse passe... 11 est certainement plus ardu de juxtaposer des idées avec le même succès que des sons sur une toile.