44 Cross-Country en deux actes Regarder un animal dans le blanc des yeux sans rougir sans avoir Fair d’y toucher en louchant si possible en tapant du pied en frappant des mains Plage perdue pour payer partout Fhiver dure neuf mois et c’est la canicule les habitants sont rares beaucoup sont nomades avec des yeux mal fixes le long des rivieres dans les mains les arbres et les eaux glacees les seules oreilles sont sur la mer ä la limite meridionale de la foret. Philippe Soupault Cartes sur les dunes L’horaire des fleurs creuses et des pommet- tes saillantes nous invite ä quitter les sa- lieres volcaniques pour les baignoires d’oiseaux. Sur une serviette damee rouge sont disposes les jours de Fannee. L’air n’est plus si pur, la route n’est plus si large que le celebre clairon. Dans une valise peinte de gros vers on empörte les soirs perissables qui sont la place des ge- noux sur un prie-Dieu. De petites bicyc- lettes cotelees tournent sur le comptoir L’oreille des poissons, plus fourchue que le chevre-feuille, ecoute descendre les huiles bleues. Parmi les burnous eclatants dont la Charge se perd dans les rideaux, je re- connais un homme issu de mon sang. Andre Breton Memento Canada Canada Mon petit Canada C’est la pomme qu’il nous faut La pomme du Canada Reinette du Canada C’est la reine qu’il nous faut La reine dans son panier Dans son panier perce Son Canada sous son bras La reine s’en alla Et la reinette du Canada Et son chapeau perce Et son panier sous son bras Ses pieds dans son sabot Elle chantait Lorsque le pelican pelican lasse d’un long voyage long voyage Et partit du pied gauche Benjamin Peret Les etoiles Ecoutez les oiseaux suspendus dans l’espace A la hauteur des yeux marchent les hommes vous savez les hommes Les vestons inconnus Au travers de Fannee une comete comme une epingle ä chapeau Nous sommes les hommes de Fannee de la comete Appuyes ä la balustrade du cöte du ciel Philippe au-dessus des arbres de corail Jette tes filets marins Lis le journal LE JOURNAL La voix des pierres sonores est la seule qui s’eleve ici Les points cardinaux s’inclinent vers toi comme des fleurs L’avenir redeviendra la mer Tristan Tzara ne peut que se jeter dans une barque Aussitöt les geysers de plumes Les balayeurs Les baleines les ventilateurs les telegraphistes Montrent le blanc de leurs yeux Et vous Drieu devant la grande affiche LU Seul seul seul Au milieu des rapides ha immobile II pense et il ne pense pas Reciproquement II va oü il veut II rit Dans le nord ecorce ailleurs ici Mon eher Alexandre tu connais hier et demain Demeure de l’eau dont nous ne sommes pas maitres Le grand fleuve toujours profond et muet Nous avons bu vainement cent rivieres Des candelabres pense ä robe Des ephemerides pense ä visage Andrö Breton s’en va jadis Nous le regardons une derniere fois Il nous dit au revoir en ötant son chapeau