184 ÇA IRA ! La Grippe Les odeurs fiévreuses du lit Me mettent le cœur à l'envers, Je me sens las, alangui, Mes mollets se guêtrent de fer. J'ai quarante, virgule deux De température, Le gosier sec, l’œil vitreux Ture, lure, lure.... Je ne tousse pas encore A fendre l’âme, Mais ma langue est lourde de phosphore Et mon oesophage s’enflamme. Mon ventre plat dit : flic, floc. Des coups sourds bousculent ma cervelle C’est la mort qui fait : toc, toc.... Entrera-t-elle ? A. J. Lurkin. Trois Poèmes i. Monsieur Van Koekenbak, gros bourgeois d’Anvers, rit à ventre déboutonné. Ses affaires sont florissantes. Monsieur Van Koekenbak est né pour faire de la galette. Il accompagne son épouse au grand concert de charité. Si Monsieur Van Koekenbak perdait sa moitié Il ne le regretterait qu’a demi. Il écoute la musique militaire et se dit : On m’appelle un réquin de la Bourgeoisie, parce que je suis fidèle à la cause de la patrie. Il chante pouille à la vie chère et lève son verre pour la Pologne. La Russie est pour lui une vilaine affaire, à cause de ses valeurs pétrolifères. Le samovar bout dans l’isba du moujik. Point de quartier pour ces gens-là, Ceux qui nous servent sont si ingrats ! Monsieur Van Koekenbak, gros bourgeois d’Anvers, Je sais que vous n’aimez pas les poètes. Ils font le grand seigneur et ils n’ont pas le sou. Pourtant, au fond, vous êtes un bon diable et je vous dédie ces vers.