188 ÇA IRA I « livre “The économie conséquences of the peace“. C’est à côté des nombreux livres de guerre, le livre de paix. Nul réquisitoire véhément, nulle propagande : c’est l'œuvre d’un observateur, d’un calcu lateur et d’un économiste. Point de passion ni de tirade lyrique : rien que la vérité telle qu’il la voit, et ainsi qu’il le dit dans sa préface : “The following chapters are entirely of a public cha- racter, and are based on facts known to the whole world.“ Les premiers chapitres où il fait un portrait saisissant des grands-bonzes de la Conférence sont vraiment inou bliables ; la personnalité jadis si sym- phatique du président Wilson nous y est montrée sous un nouveau jour : un honnête homme qui, à cause de son inexpérience et de sa naïveté s’est fait rouler par les diplomates aguerris que sont Lloyd George et Clémenceau George. Ensuite vient la partie purement économique et statistique : des chiffres abondants, terribles, exacts, irréfuta bles ; des chiffres qui montrent d’une façon indéniable, que, si les généraux des gouvernements alliés étaient des incapabies, leurs diplomates se sont montrés plus incompétents encore. Le Traité de Versailles conçu dans un étroit esprit de haine et de vengeance, en dehors de son inhumanité bestiale, n'a tenu aucun compte des réalités, des situations économiques. On a assommé, couché l’Allemagne avec les armées de Foch ; on veut l’achever par le traité Clemenceau. Ce ne sera point chose très compliquée que d’anéantir complè tement l’Allemagne, de l’annihiler ; mais qu'on oublie, nous prévient le professeur de King’s Collège, que l’on assasine ainsi l’Europe tout entière, et que rien au monde ne la pourra relever. Mais Keynes n’est point un phraseur : il a dénoncé le mal, mais il indique en même temps les remèdes : un révision telle des conditions du traité que rien ne resterait plus debout ; la confection d’un autre compromis, conçu dans un esprit plus large. Le dernier chapitre de son livre expose longuement les réfor mes qu’il faudrait introduire : ce qu’il nous faut, c’est la paix, le repos, et le temps de panser nos blessures : “....We hâve been moved already beyond endurance and need rest.“ Ainsi il y aura moyen de sauver encore la vieille Europe mutilée. Hélas ! nous ne partageons guère l’optimisme encore que fort mitigé de Monsieur Keynes : la révision d’un traité qu’elle qu’elle soit a peu de chance de pouvoir soulager nos maux innombrables.... “There in something rotten in the State....“ et il est à craindre que le mal soit sans remède : l’Europe est condamnée à devenir entièrement la proie du gros - capitalisme nord- américain. M. Keynes compte beaucoup avec la magnanimité de l’Amérique.... Pauvre Europe, s’il faut qu’elle s’appuie sur la générosité de l’égoïsme des gros banquiers et industriels d’outremer. Et il n’y aura, en définitive qu’un chemin qui nous fera sortir de l’inextri cable dédale où nous sommes : la suppression du capitalisme et de la propriété privée ; l’avènement du com munisme. Si tous les travailleurs, intel lectuels et manuels, du monde entier veulent co-opérer et travailler, non pour \