800 POÈMES CRÉPUSCULE AU DEHORS L’ombre hachée par les lumières furtives et les dents trop longues des toits sciant les planches vibrantes de la nuit — les usines ; les longs wagons mornes sous les flaques de pluie, les arrêts brusques aux armes des talus. Dans l’éclair de couleur le nom inscrit sans forme ; dans un autre coin la lueur. Une banlieue ternie par tous les doigts du jour, à peine nettoyée par la rosée des larmes. Le matin, quand la voile déteint sur les plis du soleil. Quand les signes des yeux arrêtent la lumière — un coin de ville noir, perdu, mené de loin entre les rails luisants et les vagues ornières. LES IMAGES DU VENT D’un bout à l’autre, la ligne s’assouplit et se retire — les landes délavées repliant leurs miroirs et les buis sons noircis agitant des images — des gestes indécis et de larges grimaces, loin du ciel. Il est à peine l’heure de sortir sous la pluie — les routes sont per dues entre les 4 points, et l’air venu de haut et de toutes les sources plane entre les tournants, aux marges des poteaux. L’âne court dans le champ désert et sans abri. La voix qui roule dort dans un repli du vent — aucune tête ne dépasse l’herbe rase, liée de ruis seaux creux et secs qu’il faut sauter. Au tranchant lumineux luit la crête des vagues. Un mouvement discret, direct vient au passage où les mains détachées flottent sur le courant — sous le regard aigu, la pointe fixe d’un feu rouge, vivant et calme dans la nuit. Pierre REVERDY.