276 BLAISE CENDRARS Il tâcha de se remettre à lire. En vain. L’odeur des roses persistait. Sous les arcades, grelottait, assidu, un bruit de tambourin... Il sortit... ... Elle était assise, sous la lampe, dans un peignoir de laine blanche, les cheveux dans le dos, un fouillis de cheveux noirs. Elle sortait proba blement du bain, était toute parfumée encore... Elle ne l’attendait plus si tard. On apporta le thé. Ils ne parlèrent pas de leurs lettres. Ils en étaient, tous les deux, visiblement gênés, confus. Il est si simple d’être assis l’un vis-à-vis de l’autre, sous la lampe, de se dévisager, curieux, avec un sourire au fond des yeux! Elle désirait des leçons de français; ils en fixèrent les heures. Ils déci dèrent de commencer le lendemain. Onze heures sonna. Il sortit, emportant en son cœur l’image de ses mains. Dehors, dans la rue noire, il fut assailli par un tourbillon de paroles. La trompe d’une automobile beugla à ses oreilles. Un peu plus loin, un ivrogne le bouscula. Il entrevit encore un attroupement au coin d’une rue; puis, plus rien. Sa verbalité l’investait d’un grand manteau royal. Des cloches sonnaient. Autour de lui, des vers flambaient, l’illumination des vocables fusait et retombait, avec le crépitement multiplié des mots, des voyelles, des consonnes, jusqu’à l’explosion éblouissante du poème... Arrivé à la maison, la gerbe était prête. Il la noua. Séquence. « Asperges me, Domine, hysopo... » (Ps. 50.)