CHRONIQUE D’ART 281 eette opération peut avoir lieu. Proportions idéales de la figure Humaine ; choix des tons convenables et du meil leur effet ; conditions d'un beau dessin ; façon de draper, de grouper les personnages... autant de recettes que le peintre-imitateur était obligé d'employer pour que son travail fût pris au sérieux. Or, que signifie une imitation soumise à des règles préétablies ? Une simple façon de parler, qu'il faut bien se garder de prendre à la lettre ; un détour adroit pour concilier les désirs bas du vulgaire avec les austères nécessités de l'art. Imiter la nature, d'une façon classique, signifiera véritablement — si l'on veut éviter de tomber dans une contradiction trop appa rente : Remplacer chaque objet matériel que nous pro pose l'univers - prétexte par un objet plastique, condi tionné par des règles traditionnelles que chacun assou plira à sa guise. Ou encore : Inventer des équivalents picturaux mi-sensibles, mi-intellectuels —- Une nouvelle définition de l'art s’impose ; celles-ci sont aussi témérai res, aussi insuffisantes que la définition classique; mais, ayant une valeur actuelle, elles me semblent plus oppor tunes et capables de constituer un salutaire rappel à l'ordre pour tous ceux qu'une manie d'imitation irraisonnée en traîne vers la perte de leur dignité d'artistes. Dans La Liberté, Monsieur René Chavance nous de mande à son tour : « Si vous regardez un tableau, quel ordre d'émotions « lui demandez-vous de préférence ? « Estimez-vous que la principale destination dun « tableau soit de participer à la décoration d’un intérieur?