G. RIBEM0NT-DE8SAIGNES 237 il ne déchaîne que les ondes d’une petite sonnerie stérile sans espoir et sans histoire. Il y a le petit renard-enchanteur à poil frisé couleur d’arc-en-ciel; il court sur les neiges, il court sur la mer et les lacs verts, il court sur les lames de couteau et les aiguilles de cactus, il court sur le regard des femmes, les épaules des hommes et sur la main des anges déchus. Il court à travers les cyclones et les anticyclones, à travers les serrures et les secrets, à travers les miroirs, à travers la chaleur africaine et l’absence de température; il court sous la mousse des bois et sous les algues, sous les pas de ceux qui sont, sous la couche de terre arable, et sous la peau, sous les larmes, l’écriture imprimée et la musique. C’est pourquoi il chante ne plus être et les parfums de l’existence, et c’est pourquoi sur l’œuvre des termites surnage le chant du petit renard-enchanteur. Mais c’est une femelle qui chante et ne tourne pas la tête parce que le danger qu’on voit on le nomme, et qu’on nomme il est réel, et le seul qui soit, c’est la mort. Elle est au centre de la toile de la vie, pauvre danseuse en équilibre sur l’acier, et la gloire dissoute dans l’air et les sourires, est un filet de commodité tendu sous son poids, araignée aux pattes douces qui ne mange rien sauf les yeux et la langue de la Renommée. Il y a le jeune-homme-à-la-rose qui reçoit les baisers de la marquise à cervelle et de la nourrice nègre, de la marchande de journaux et de la belle fumeuse, des feuillages et des perles, de la femme chaude, du mirliton, de la pipe, de la tenancière, de la générale, des scarabées, du peintre espagnol, de la femme sale et de ses ennemis. Il reçoit leurs baisers et ne croit qu’à l’amour; il verse des larmes si le vent ne lui apporte pas assez d’amour. Mais lui aussi n’est derrière son masque qu’une horrible et vilaine femelle froide et sans amour, une femelle à froide peau de serpent et de murène, à tête étroite de serpent et de murène. Elle est armée de poignard et de poison; elle tue parce qu’il y a une voie où l’on ne peut être deux. Ce n’est pas pour rien qu on