LUCIEN FABRE 113 Nuitô, il réintègre sa forme primitive. Il redevient ce qu’il était avant son amour. » Histoire d'amour écrite par une plume d’acier qui aurait laissé au papier les qualités de sa forme et de sa matière, la précision de son tranchant, la fraîcheur de sa lame. Sa vie n’y est plus déroulée en tirades filandreuses, elle est saisie d'un bloc comme le marbre et taillée en facettes où se réfléchissent tous ses aspects ; facettes qui se suivent, se juxtaposent, voisinent et invitent de l’une à l’autre. Le travail fini, les faces sont si nombreuses que le polyèdre demeurant infiniment et multiplement aigu est arrivé à cette limite tangible où l'ennéèdre devient une sphère. Une sphère peinte. Considérez la sous tel angle qu'il vous plaira, vous en déduirez l’originalité, la figure particulière, la base de construction et de génération logique. Mais vous apparaîtra toujours la continuité, la solidité, la perfection. Entre prenez un chemin quelconque vous arriverez à boucler toujours votre circuit, il n’y a pas d'hiatus ni de solution de continuité. Et lorsque vous croyez achever le livre sur la dernière aventure d’un Osiris dont vous regrettiez qu’il fût un Boubouroche et c’est-à-dire le seul carac tère non original du livre, vous entendez cet homme vous dire tout d'un coup : « Si j’étais un Stopwell ou un Mahieddine, je garderais encore des ânes en Egypte. » Voilà. Et il ajoutera plus tard : j’accepte du front serein ce que je ne peux éviter. Je suis impitoyable pour un tel en raison de telle chose parce que « ça, je peux éviter » Voilà terriblement défini celui que nous avions pris pour un vulgaire cocu. Comme nous comprenons maintenant que Jacques ait décidé « sur cette phrase, coûte que coûte, de se bâtir le caractère, de chausser du plomb, de prendre un uniforme. «Je flotte dans moi-même, pensait-il, et Ça,je peux éviter, le reste à la grâce de dieu. » Et c'est encore, sous une nouvelle forme, le Grand Ecart, la plongée subite dans le réel. Et cet Osiris, quel autre bonhomme que Boubouroche, quelle autre allure 1 Quelle envie il nous donne par cette simple phrase de crier : « Mais nous ne le connaissions pas 1 mais il faut voir comment il est fait I » de retourner la boule sphérique en tous les sens, de relire le livre pour l’y surpren dre. Et de constater en effet qu’il était jaloux, dupe et faible dans les choses de l’amour, mais qu’il avait le sens de la fatalité, du réel, et une certaine intuition que l’amour n’est qu’une sorte de mirage, une faiblesse qui n’a rien à voir avec les choses autrement vivantes de la matière, du chiffre et de la poésie. 0 On a parlé à propos de ce livre de feu d’artifice, de féerie, de cabrioles et de mousse de Champagne. J'avoue n’y rien voir de tout mmm T"!*