130 POÉSIE SIX POÈMES CHRONIQUES, par Marcello Fabri. (Povolozki, édit.) Je fus prié de rendre compte du livre de M. Marcello-Fabri. C’est un livre de poèmes. Je connais peu la poésie, moins encore M. Fabri. Mais le livre était de si belle apparence, et si grand mon désir d’en bien parler, qu'un de mes amis (ce n’était pas M. Romains) consentit à me donner quelques leçons. Voici notre entretien. Je n'ai visé qu’à le rapporter fidèlement. Que si l’on y découvre certaines naïvetés, on voudra bien considérer le jeune âge de l’auteur, et sa bonne volonté. Moi. —• Qu'est-ce que la poésie? — Cela dépend des poètes. — Qu'est-ce qu'un poète? — Cela dépend des critiques. Le premier trait d’un poète est d’être original ; le second d'appartenir à une école et d’avoir des théories ; un autre encore, de ne pas savoir écrire en prose. — M. Fabri par exemple... — En principe il y a autant d’écoles que de poètes; au vrai, quel ques-unes en moins. Une école se compose d'un chef d'école et d’une théorie ; plus tard viennent les disciples, parfois même les poèmes. J'allais oublier le nom de l’école; c'est par là qu’on la reconnaît d'abord. — A quelle école appartient donc M. Fabri? — Des écoles de poésie, je ne vous citerai que les plus dignes d'in térêt. Au premier rang les fantaisistes. Ce sont des hommes char mants, je ne l’entends pas seulement de l'esprit. Ils ont connu et apprécié toutes choses, et cette merveilleuse expérience ne les a point alourdis. Retrouvant la sagesse primitive, ils ont compris presque sans effort que tout se résumait en une pirouette. Mais une pirouette