POÉSIES 51 LE BOUQUET INUTILE, par Jean PeUerin (N. R. F. édit.). Si le « bouquet » n'était qu’inutile! Jean Pellerin mort, on couvre sa tombe de ses propres fleurs artificielles. Cela est d'autant plus triste qu'on croirait à un hommage posthume de ses amis. Noués ensemble dans ce livre, on retrouve le pâle liseron avec lequel Monsieur Derème chatouille les patronnes d’estaminet, la rose rouge que les pierreuses de Francis Carco portent dans leurs cheveux, d'autres fleurs pavoisées aux couleurs de J. P. Toulet et de Rostand. Je n'insisterais pas si cette poésie ne risquait de faire illusion à cer tains. (J’ai moi-même été séduit par la Romance du Retour lorsqu’elle parut). Cette façon de décanter l'actualité la plus prosaïque, de fixer chaque strophe avec des allusions précises, de friser l’ironie comme une moustache, — tout cela aboutit chez Jean Pellerin au mirliton sentimental. En voici un échantillon : Au clavier Chopin se confie En un la mineur affligé Je metlrai ta photographie Près de J offre à son G. Q. G. Cézanne arrondit une pomme Potin arrondit une somme La guenon bâille son ennui. Des trains sifflent vers les banlieues Une étoile rose, une bleue, Un rideau glisse... et c’est la nuit.