FAITES VOS JEUX
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FAITES VOS JEUX
LE CŒUR DANS LE COEUR
ï. Une jeune fille de 15 ans parle d’amour.
Je me promenais à Paris dans une de ces vieilles rues bousculées par
les orages, polies par les regards et les attouchements des passants, dans
lesquelles maintes tours furent mises knock-out, pour toujours et sans
arbitre, soit par les coups insistants d’un nuage électrique, soit par ce
curieux désir de renouvellement qui agite la fantaisie des locataires. Il
ne faisait froid que parce que le ciel était couvert. Les bruits étaient plus
aigus, plus vifs que d’ordinaire. Une pluie invisible et éternelle semble
dominer ces rues, car les trottoirs sont toujours humides. Je suis d’habitude
assez gêné, par les soins que je prends, en marchant, de ne pas faire de
gestes inutiles ou sortant des façons communes. Dans ces rues étroites,
je me crois toujours observé par tout le monde. Je m’imagine que der
rière chaque fenêtre il y a des gens qui regardent. Il y a des trous,
auxquels il serait difficile, même en se plaçant dans l’époque où la mai
son a été construite, de trouver un emploi pratique, une application
domestique. Comme les coins, les angles et les pointes, ils constituent les