PIERRE REVERDY 355 tante affaire, elle aimerait voir châtier le coupable, et elle envahit l’es calier principal de la maison qui en comporte un autre, celui-là tout à fait secondaire, mais bien plus précieux pour le voleur qui se contente de l’emprunter — cette fois — pour s’esquiver et disparaître à jamais aux yeux de tous. Mais, placée sur les dents, 'la police est dans une position dangereuse pour tout le monde. On la voit faire irruption dans une chambre voi sine de celle qu’elle vient de trouver vide. Là, vit depuis fort longtemps un élégant petit appareil photogra phique, dont le seul défaut, que d’autres disent son principal mérite, est d’être atteint du délire de la perfection. Il est arrêté, emmené, frappé. La foule, heureuse, hurle ses bons sen timents de vindicte publique. Après une instruction qui dure depuis trois ans, le malheureux dé tenu n’a pas encore avoué. La justice, de son côté, n’a pas su faire la preuve de la culpabilité de l’homme qu’elle détient hors de la circulation normale et qu’elle prive d’une liberté chèrement conquise depuis l’abolition, fort regret table d’ailleurs, de l’esclavage. Par bonheur, on voit arriver entre dix et onze heures du matin sous la voûte céleste, donnant accès dans les couloirs de la préfecture de police, l’intrépide navigateur que nous avions abandonné à un sort plus aventureux, au début de ce conte. Au moment d’entreprendre une nouvelle croisière sous le feu in cessant de l’ennemi commun, il a eu vent de l’injustice qui se commet tait ici au nom de l’humanité, car les marins connaissent tous les secrets du vent. Il est accouru. Il réclame le prisonnier. Vous direz... Comment?... Oui, car sortant une pièce de 25 centimes à peine usagée de sa poche profonde, il a désintéressé pour toujours la Brenner Gesellschaft Diskontobank.