364 PER VARESE perfide à la séparation qui nous menace : la jeunesse des arbres tra vaille à de mystérieuses déhiscences; fatalité du vent, les reflets des nuages prennent un sens inverse au courant du fleuve; aux carrefours, les avenues se contredisent; les jours empiétant sur la durée des nuits se délient du serment de leur parallèle. Soudain, le mal de l’adieu nous courbe sur nous-mêmes. Le sou venir d’Agnès trace un graphique tendre, sans défaillances. Je fais un bouquet d’une robe bleue à paillettes, d’un vieux refrain et de ces lumières creuses qui, dans le fond des voitures, monnayaient nos visages mêlés. (( — Quarante HP, madame, quarante chevaux rapides, il ne m’en faut pas moins pour m’arracher... » je plaisante. Aurais-je perdu tout courage? Comment va-t-on se séparer? Subitement, je ne sais plus. Ce départ horizontal me semble absurde. Le vent, l’obsession des insectes, la vaine grenaille des dimanches se mêlent à notre adieu. Les montres marquent six heures du soir, mais cette heure nous trompe. Il est toujours midi lorsqu’on se quitte. J’ai compté dix-huit arbres et combien de couples? Sur ce parcours, ma pensée se retourne, fait le grand écart, atteint Agnès, une fois encore. 0 On ne pourra jamais savoir où finit une ville. Des théories d’ormeaux accourent, qu’on a l’air de vouloir accueillir et que toujours on laisse passer. Avec le bourdonnement de quarante chevaux en marche, ma suffisance, calme et refermée sur elle-même, finira bientôt par se con fondre. Après tout, la route est-elle moins douce que ces complaisances par lesquelles s’est accomplie, un jour, la conquête d’Agnès? J’imagine sa volonté liée aux caprices de mon volant. Ma confiance en elle s’accélère jusqu’à la certitude. Avec une recherche de photographe, la vitesse forme, groupe, dis