386 FAITES VOS JEUX TÊTE A TÊTE XV. — La claire rencontre et la pierre du souvenir. Pendant l’absence de Mania, il m’arriva qu’au cours d’une fête donnée par des amis, je pris la défense d’une femme qu’un garçon indélicat essayait d’importuner. Je le fis avec désintéressement et spon tanéité car je ne la connaissais pas. Cela peut arriver à tout le monde, et la chose en elle-même est dépourvue d’importance, mais dans le cas présent il s’agit de deux personnages romantiques, Andrée et l’auteur, qui avaient, chacun de son côté, un vide à remplir et se sentaient pour cela fortement attirés. Andrée me connaissait de vue depuis longtemps, mais, sur des bruits qui couraient, s’était toujours méfiée de moi. Je la revis le lendemain. Le printemps nous prêta un concours empressé et gracieux en envelop pant notre promenade du charme de sa première journée. Je compris tout de suite qu’Andrée qui était blonde simplifiait la vie en disant toujours la vérité; la tranquillité que j’entrevoyais en elle affirmait encore une fois la puissance du contraste, car moi, je ne pensais qu’à m’échapper du labyrinthe de doute et de soupçons que Mania avait tissé autour de moi. Nous continuâmes donc à nous voir pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos voix. Avec regret je me souviens de ces temps où ma main dans la sienne signifiait encore une suffisante communication entre nos esprits. Et à sa sincérité je répondis avec ce que je croyais de plus sincère en moi. Les attitudes se dirigent réciproquement dans la marge que laisse la gamme de la personnalité. Les après-midi ou les soirées à passer ensemble étaient attendus avec joie et c’est ainsi que nous résolûmes d’aller tous deux à la campagne. Soleil et promenade : alcool des rires. Il y a des conventions établies d’avance qui tirent des conséquences