388 FAITES VOS JEUX le précipice. L’oubli et sa racine s’incrustèrent dans la pierre. Celle-ci grossit dans la chute. Est-ce le caillou avec lequel l’enfant a chassé les oiseaux? Les oiseaux picotent l’herbe avec leurs queues déshabillées. On l’a jeté peut-être sur l’idiot du village. Il l’a ramassé peut-être. L’œuf d’une bête aux entrailles de fer, des fibres de charbon, un lacet de nerfs morts, lavé par une mémoire de couleurs indistinctes, les petits étincellements aperçus aux rares rayons propices. Quand la pierre se frotte contre la pierre, quand les rivières débordent et s’unissent aux autres rivières, quand l’homme se confie à un autre homme par la voie des vertus et de la modération, quand un coup de revolver quitte le port pour la conclusion d’un arrangement réciproque et final, le ciel soudain immobilisé par des nuages paralytiques se couvre le visage avec mépris; — son fard s’efface et coule avec les mal heureuses filles des boulevards. Le ciel s’écoule sur les boulevards avec ce grand chapeau que nous nommons pleureuse, comme une fille mal heureuse dégouline et s’écoule le long des boulevards que nous nommons pleureuses, comme une fille malheureuse. Mais vers quelle variété chimique nous pousse tout d’un coup le tambour du ciel battant, comme des grains de sel jetés dans les robes renversées des légumes admirablement florissants? Tristan TZARA. Par suite d’engagements antérieurs, les Feuilles Libres se voient dans l’obligation de clore par ces pages le roman de Tristan Tzara qui ne paraîtra dans son intégralité qu’ert volume. N. D. L. R.