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LA PEAU DE L’HOMME
Mais le jeune détenu, à peine libre, n’a plus qu’un sentiment au
cœur, une idée dans la tête. Se réhabiliter aux yeux de son sauveur,
se venger.
II
Une huile lourde et décevante coule du front ridé des athlètes repus
et fatigués. Le soir mouillé pèse sur les hautes coiffures des femmes qui
font la chaîne le long du boulevard, veillant, avec,un soin jaloux, à ce
qu’aucun passant ne regagne tout seul son logis désolé.
Le camarade en deuil, les manches retroussées, attise de sa main
délicate mais ferme, la forge silencieuse du couchant; les étincelles jail
lissent et commencent à se fixer en étoiles.
Plus loin, les roues se chargent d’or sous la pluie battante des étoiles
et nous, nous allons marcher lentement sur cette longue voie pavée
d’étoiles. Sans tenir aucun compte des objurgations de ce grand artiste,
sans égal pour imiter le cri prolongé de la vache laitière, nous avan
cerons à la recherche du deuxième chapitre de ce pathétique roman.
Tout à coup on aperçoit les lueurs métalliques qui éclatent, se rangent
et se colorent pour illuminer les façades — sans aucun souci superflu
d’aveugler les passants.
A une égale distance du fleuve qui coule sous la nuit et du ciel dissi
mulé derrière une caserne, se dresse le monument où s’engouffre la
foule que passionnent les spectacles de sport.
C’est là, que nous allons retrouver le héros, un moment perdu de vue,
de cette histoire dont le principal mérite est d’être scrupuleusement
authentique.
Au milieu de la salle se dresse le ring, inondé de lumière blanche,
entouré de cordes et, quoique vide, déjà impressionnant.
Comment discerner dans la file d’hommes qui marquent le niveau du
sol, cette immense tristesse qui tracasse l’atmosphère et fait trembler le