BIOGRAPHIE DU GRAND HOMME 377 cité. C’est au sein d’une paix qui ne fut troublée par aucun orage jusqu’à sa mort que Charles écrivit sa fameuse « Compilation des Compilations » en sept volumes. On a reproché à la Compilation des Compilations de n’être qu’une compilation. Ah! oui! voilà le grand mot lâché! Compilation! Mais quoi! Charles s’en cache-t-il? Non! Avec la modestie du génie, il s’en vante même, sachant bien que péché avoué est à moitié pardonné. Un grand auteur n’a-t-il pas écrit d’ailleurs « le fond n’est rien où la forme n’est pas ». Or la forme chez Durand est admirable! elle est admirable parce qu’elle n’existe pas et nous voulons dire par là qu’elle se fait oublier, ce qui est le comble de l’art. Ah! il est loin le temps où un avocat obscur reprochait à Charles ses fautes d’orthographe. Maintenant la France entière boit avidement les extraits que donnent de l’œuvre de Charles les grands quotidiens et s’il se glisse encore quelques incor rections dans sa prose (on n’est pas parfait; Balzac, lui-même...) les protes sont là pour les corriger. A quarante ans, la <( Compilation des Compilations » est terminée; elle est livrée au public qui y lit avec joie et pour son enseignement les grandes maximes de la plus haute morale : « Le sublime est rare! » Ah! oui! il est rare le sublime! Charles. Mais pas dans ta vie d’abné gation et de devoir modeste mais sûr, où chaque jour voit un nouveau sacrifice. Et comme tu le savais quand tu lâchais ce mot superbe qui montre le fond de ton âme : « Il y a des héros obscurs! » II y en a, grand homme, et tu eusses été de ceux-là si les lumières de la gloire n’avaient éclairé ta vie. Il y en a! tout le monde le sait, mais per sonne ne l’avait dit dans ce style paisible qui est le tien : « La vertu diffère du vice! » Oui, elle en diffère, Charles, tu l’as dit! il était temps qu’on le sût dans