378 MAX JACOB notre époque où tout est mêlé et où les applaudissements vont plutôt à celui-ci qu’à celle-là. « L’amour est une passion qui fait faire bien des sottises aux jeunes gens! » Sottises aux jeunes gens! Quelle familiarité grandiose! le voilà l’ac cent paternel et grave qui sied aux grands esprits. Que disions-nous donc? Charles un moraliste austère? Charles un auteur sévère? Non! Charles est père et il ne l’oublie pas, ses lecteurs sont ses amis, son style déborde de tendresse comme celui des Evangiles auxquels il fait sans cesse songer par la pensée qui est calme et sereine et par la forme qui est simple et sans détour « L’amour est une passion ». Ah! comme il a souffert! Ah! comme il a aimé ! Quelles luttes pour arriver à cette sérénité. (Cf. notre ouvrage Charles Durand et les femmes, Tome I, Les cousines de Charles Durand, Tome II, Une idylle sous la Troisième République : la femme de chambre de Charles Durand.) La place nous manque pour tout citer, il faudrait faire passer ici toute la partie morale de la Compilation. Notons pour terminer cette trop rapide étude que, comme tous les grands esprits, Charles fut tenté par la carrière politique. Il fut plusieurs fois élu conseiller général du dépar tement où il eut un patrimoine à la mort de ses parents, puis par la force des choses député, sénateur et ministre. Il eût été président de la Répu blique s’il avait eu ce qui a toujours manqué à cet honnête homme : l’esprit d’intrigue. A l’époque où Charles débuta dans la carrière politique, on se pré sentait d’habitude au peuple comme candidat socialiste pour être porté par la grosse masse populaire et Charles, quoique propriétaire et renté, fit comme les autres, mais comment croire que ce propriétaire terrien se soit dit socialiste par intérêt? Les maximes grandioses que nous citions répondent pour ce grand désintéressé. Comment le croire quand on lit ces longs, admirables et fréquents discours. On a reproché à ces discours