LE ROMAN 421 Plaignons Dieu. Bouffi de dédain pour le vulgaire, de Bricoule qui a longtemps tenu « dans ses mains sa tête comme un fruit pourri, » (piqué, serait plus juste) — part au front. C’est un moyen, le seul, de s’offrir à la face du monde quelque plus intense émotion. .... Il se devait donc d’être blessé, — la veille d'une attaque. Plus tard, quand la femme qui l’aime l'implore et se traîne à ses pieds, sur la terre du grand mois d'Août, lui, jeune homme à la dernière coupe, impassible et fier de son odieuse conduite, mâche un morceau de chewing gum. Tel est ce Monsieur. * * * Dominique Soubrier, l'amie d’Alban, deuxième personnage du roman et caractère mieux indiqué, apparaît d’abord comme une image juxtaposée d’Atalante et d’Hérodiade : Oui, c’eét pour moi, pour moi que je fleuris, déserte. « Voici donc la fille forte avec ses épaules droites, le casque de sa chevelure, ses mains héroïques qui lancent le javelot dans le stade...» Sportive, elle s’adonne aux sports — jusqu’à pouvoir citer tous ses muscles par leurs noms latins, 368 noms latins. Nous n’en demandions pas tant, ni que, à l’encontre de la plus stricte vérité cette femme fût capable d’analyser ses états d’âme, seconde par seconde, dans une course de 1.000 mètres. A chacun son rôle, Dominique devient femme comme toutes les femmes. « Tiens moi, » pût-elle soupirer car ses jambes se perdaient. Il la soutenait tandis qu'elle glissait, descendant le long de lui comme de l'eau, ployant à droite, à gauche, retombant toujours, emportée par le poids de sa poitrine, lourde comme l'arbre après la pluie. » * # * Entre ces deux personnages si particuliers, — deux pôles qui s’éloi gnent et se rapprochent et tout-à-coup s'opposent, — la sensibilité de