330 JEAN EPSTEIN vendus, vendus, se seront, se seraient vendus, vendus, ou qui ne se vendent pas, ne se vendaient pas, ne se vendront jamais. Ni dans les tableaux. Ni dans les idéogrammes communément appelés dada, sorte de nain jaune pour personnes extrêmement intelligentes et désœuvrées et pâles sans doute. Nous ne sommes pas mûrs. La matière aura eu ses contagions, microbiennes dit-on. Aux jours de l’art, l’idée se communiquera, incu rable dans les pestes. La folie des martyrs et des croisades, le plaisir de mourir et de tuer, la panique des tremblements de terre et ce qu’on imagine de la peur du déluge ou de l’Atlantide effondrée, ne sont rien. A force de pensée tout nom sera devenu une chose et le néant même, concret. Déchirant un million de cœurs souffrants, irréparable, l’art éclatera comme le point le plus aigu de la douleur, comme éclata parmi les hommes en route contre Dieu, au plus haut de la spirale, l’atroce confusion des langues de Babel. Comme aux Juifs, entre les nuages, le visage d’un Dieu apparaissant, gros plan désespéré. Telle sera, au delà de l’art à vrai dire, l’action d’un esprit, un seul peut-être, et d’une idée, une seule peut-être et la dernière, engendrées par la volonté la pire, impitoyable parce que non voulue, ni compréhen sible, ni raisonnable. D’un homme, premier poète, Christ conquérant, René qui ne laisse plus fuir son cœur en jolis gestes gratuits, Machiavel rêvant l’âge d’or; premier aussi des philosophes guerriers pour qui des peuples d’idées silencieuses glissent leur vol exterminateur. L’énergie inaltérable qui ne peut plus s’empêcher de vouloir, s’appelle amour, comme s’il n’y en avait jamais eu d’autre. Celui-là est couleur d’agonie, satisfait aux environs de la mort, prémédité et regrettable comme un crime. Est-il bien sûr que j’anticipe? L’avenir est ce cœur du peloton qu’en laisse je tiens par le bout du fil. Tandis qu’il se déroule, Paracelse écrit ; Ne plaisantez pas avec ceci, car vous ne connaissez pas la force de l’attention. L’attention de la bête fait l’homme, et de l’homme, ce