MOGANNI NAMEH 341 Eh quoi — tu n’as donc point de doute? Toujours, toujours la même romance sur l’orgie de ton ennui?! — Et parce que la machine se détraque, tu sautes parfois des notes, est-ce tout, c’est bien là toute ta vie? Oh, je voudrais pleurer!... hé, hé, et Rosabelle? Oui, oui,... ça sera la même chose, je jouerai toute la gamme! Mon Dieu, ma vie n’est qu’un monotone soliloque! — Non! je n’ai pas honte. Je ne fais que chercher mon « moi ». Oh! qu’il est fatigant cet éternel « moi »! Tout n’est que haine. L’idéalisme c’est la folie des grandeurs : Moi = Néant. Ah, zut, je cours chez Rosabelle... m’anéantir!... — Halte-là! garçon! de l’alcool, pour bien me dégriser! — J’aime les liqueurs, pour tout ce qu’on y trouve de vie en leurs correspondances. Oh! ce trouble exquis du cerveau, des cinq sens fon dus en un, suprême, nouveau, de joie et de douleur, hélas! comme les autres, mais plus raffiné, plus âpre, déliquescent. — Je ne suis ni heureux, ni malheureux : j’éprouve toutes les fail- lances humaines. Je ne veux pas du malheur et je rougirais du bonheur. Mon cerveau me permet certains accords et voilà tout. Mais le trémolo continu de mon âme me raconte toute les possibilités d’outrance. Je ne suis capable, en fait de souffrance, que d’une très grande fatigue, cruelle et agréable, comparable à l’ivresse tempérée et voulue, des après-midi de songes. Et, en fait de joie, je ne suis capable que d’une très grande fatigue aussi, mais moins calme, plus passionnée, emphatique presque. Je porte le faix d’un imperceptible sourire. J’aspire à un état un peu plus calme, où ce sourire me revêtirait comme d’un manteau flottant, ample, autour de membres sains et nus. En attendant je fais le c... Dieu et Diable sont mes jouets favoris. A