MAGNÉTIQUES 23 cends un escalier monumental avec des livres de prix. Je ne revois de l’école que certaines collections de cahiers. Les Scènes pittoresques avec ce chiffonnier si rare, les grandes Villes du Monde (j’aimais Paris). J’ai craint la fraîcheur des parloirs et l’entrée de l’homme qui vient relever les absences. Les récréa tions pour jouer à la balle au chasseur sont trop loin. C’est à la manière de réciter La Jeune Captive que je choisis mon premier ami. Nous broyons des pastilles de menthe douces comme les premières lâchetés. La cour est réunie aux impératifs caté goriques du maître d’études. Les pupitres naviguent trois-mâts sur le zéro de conduite avec l’étonnante poussière des vasistas qu’on trouvera moyen de fermer. Je fais ce que je peux pour que mes parents aient du monde le soir. J’admire beaucoup la canne de ce monsieur; ce sont les premières nouvelles que j’ai reçues d’Ethiopie. Son neveu s’offrait à m’en voyer des tortues de là-bas : c’est, je crois bien, la plus belle promesse qu’on m’ait faite, et j’attends aussi toujours ces fleurs de Nice, gravure d’un calendrier. Voici que les prières se replient; je com mence à croire à des robes plus bleues devant le lit au dessus de dentelle, ouvrage de ma mère. On se prend à espérer d’autres proportions que celles des tableaux souverainement tristes des conversations des parents. Je crois avoir été très bien élevé. A un âge plus heureux, on ne m’aurait pas fait entrer pour