MAGNÉTIQUES 45 cher l’eau limoneuse que leur abandonne la colline, couleur des nuits malheureuses. On entend chaque soir un bruit sombre qui passe douloureusement pour nos oreilles fatiguées : c’est ce voyageur amai gri qui s’asseoit sur le bord d’un fossé. Les mouches orangées des routes commençaient à s’assoupir. Effrayées de cette ombre qui les couvre, elles tour nent en masses serrées et se posent sur ses joues poussiéreuses. Mais il ne voit rien d’autre que la chaleur probable d’un village et le courant d’air qui lui coupera ses mains courbaturées. La nuit s’ap proche et ses yeux se ferment. Son rêve est ardent et rèche : galops valeureux des oublis, monstre tou jours coupable, sources silencieuses des journées abîmées, malheurs des hommes touchant des primes, fumée des mots clairs et des lignes obscur cies. Qui dissipera ces cauchemars sans cesse renais sants ? Les mouches désenchantées se sont tues et le compagnon le plus sûr est ce tas de cailloux qui fixe la route. O11 ne peut donc plus savoir quel crime a commis cet homme qui dort profondément au son des chants étoilés. Les rêves se tiennent par T amain : habits des femmes écorchées, soupirs des oiseaux morts de faim, cris dés bateaux de bois, profondeur des précipices sous-marins. Un poisson à la che velure souillée glisse entre les bras des plantes. Un mollusque effrayé jette un regard sur toute