MAGNÉTIQUES 49 4 « mon sang, il est temps de me rendre ma liberté. « Vous m’avez appris à écraser mes plus curieuses « cruautés, j’ai hurlé de désirs et j’ai dû marcher « au pas sans regarder les fumées des agglomérations « malsaines. A toutes mes haines acidulées, vous « avez donné le narcotique raisonnable. J’ai long- « temps aimé ce revolver qu’on voyait dans la bou- « tique de l’armurier. Tout est bien fini maintenant. « Je connais votre lâcheté et j’ai parcouru les régions « brumeuses et solitaires. Je suis parti pour toujours « avec ces deux amis qui ne m’abandonneront « jamais : mes deux mains plus fortes que la lumière. « J’ai vu tous les ports d’attente, tous les paysages « passionnés. Je sais les cris fervents des insectes, « les vols poussiéreux des oiseaux de passage et les « bonds calmes des bêtes fauves. J’ai vendu des « crimes et des larmes inodores, j’ai trafiqué avec « orgueil et j’ai soif encore. Personne ne peut me dire « une richesse nouvelle. Les diamants des Indes, les « pépites de Californie ne m’intéressent plus, j’ai vu « de trop parfaits idiots. Les déserts m’ont paru « grotesques, j’évite maintenantles oasis. Le royaume « des collines parfumées est à la portée de toutes les « bourses et je connais très bien les plages sans « végétation tropicale. » Il s’était levé et marchait à pas lents sur un quai. Il entra dans un café plus lumineux que les autres : une cigarette se consumait entre ses doigts. Un an