MAGNÉTIQUES 51 L’homme courait à perdre haleine. Il ne s’arrêta que lorsqu’il aperçut une place. Héros des grandes expéditions, il oubliait toute prudence. Mais les vagissements d’un nouveau-né lui firent comprendre la gravité de l’heure. Il sonna à une petite porte et aussitôt la fenêtre qu’il regardait s’ouvrit. Il parla, attendant en vain une réponse. Il n’y avait plus personne sur la place. Il reconnut son ami et les sou venirs frappèrent ses oreilles. Comètes postiches, éruptions falsifiées, clefs des songes, charlatanismes obscurs. Il comprit la lueur des symboles et les monstrueuses évocations. Une sueur régulière et déprimante n’est pas plus atroce que cette vision aiguë des baudruches soi-disant créées. Le vide est sans doute moins étourdissant que ces danses acro batiques. Des paroles passaient : c’était un vol trian gulaire et furtif : il n’y avait donc plus rien à faire qu’à marcher sans but : les asiles d’aliénés sont peu plés de ces fragments de rêves qui conduisent les hommes devant un mur inexistant. Ophtalmies des jeunesses stériles. Les mots tombaient, entraînant tous nos élans dans leur chute. Mais le vent avait ouvert toutes grandes les portes et ils se précipitèrent dans la nuit d’argile. Ils voyaient au-delà des brouillards. Une flamme montait et redescendait léchant les nuages. Pendant plusieurs nuits consécutives, le voyageur