MAGNÉTIQUES 89 de quelques heures, on aperçoit la jolie plante du saignement de nez. Le panorama des poitrinaires s'allume. On entend tous les pas des voyageurs sou terrains. Mais le silence le plus ordinaire règne en ces lieux étroits. Un voyageur s’arrête, altéré. Emer veillé, il s’approche de cette plante colorée. Il veut sans doute la cueillir mais il ne peut que serrer la main d’un autre voyageur couvert de bijoux dérobés.Leurs yeux se donnent des flammes soufrées et longtemps ils parlent de leurs merveilleux cris. On croit entendre un murmure de lune sèche, mais un regard dissipe les plus prodigieuses rencontres. Personne n’apureconnaître ces voyageurs de race pâle. Les crépuscules des banlieues et la tristesse des fêtes foraines les séparaient. Il fait si beau sous la tente. Une vapeur azurée parcourait les abords de la clairière et la plante miraculeuse croissait lentement. Aux extrémités militantes, de longs appels faisaient frissonner les arbustes ; c’étaient des paquebots qui quittaient pour plusieurs années l’île des adorations, Les émigrants calculaient déjà et n’ignoraient plus les combinaisons sentimentales. La forêt environ nante se dépeuplait. Les animaux dans leurs tanières regardaient leurs petits. Les nuages disparaissaient rapidement laissant mourir les étoiles. La nuit se tarit. Un voyageur insouciant dit à son compagnon: « J’ai marché devant moi et j’ai compris la fatalité