ne s’accroche pas à sa célébrité picturale comme à une échelle de corde et ne fait point de tours équilibristes pour s’y maintenir; il ne bat pas, non plus, le rappel sur une grosse caisse de réclame pour lui-même. Picabia se repose et considère avec un calme déconcertant ceux dont les yeux mettent des dents pour le fixer, comme si chacun de ces regards pouvait être un croc pour le déchirer. 11 répond avec un sens très fin aux lourdes bêtises suscitées par le dadaïsme et je gage qu’il compte seulement sur le choc en retour pour renvoyer à qui de droit l’épithète de sot qu’on lui a lancée assez souvent. Les gens d’esprit sont pleins de gaîté. L’ineffable Dominique Bonnaud écrivit une revue Dada ; il chante des couplets Dada ; le sujet lui paraît donc plein d’humour et de joie. D’autres ont alimenté leur verve du même sujet, comprenant comme il convient ces escholiers du gai savoir dont on a tant poétisé les frères de jadis. Mais tout le monde n’est pas rieur au tribunal de la critique. 11 y a des gens qui se fâchent et qui s’agitent. S’ils lisent avec plaisir que Villon volait des saucisses pour les attacher à la queue de son chien, ils comprennent bien moins la farce moderne d’un festival Dada. Le i er avril 1920, les dadaïstes et M. Picabia en tête, eurent une grande joie. Madame Rachilde, descendant du moyen âge olympien de la rue de Condé, s’est abandonnée à une sainte colère contre Dada et a daigné tremper sa belle plume dans une encre détestable pour stigmatiser les parti sans Dada. Elle les a traités de boches, de Raspoutines berlinois; elle a parlé de crottin et d’écurie Dada, puis elle n’a pas reculé à comparer les dadaïstes à une invasion de