LE SCANDALE POUR LE SCANDALE
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Est-ce pour procréer que vous faites l’amour? ou pour gagner de
l’argent ? ou par ambition ? ou par défi ? ou par lâcheté? ou par habi
tude? ou par esprit d’imitation? Cachez-vous, alcôves intéressées, turf
de Bourse immonde des exaltations humaines :
L’AMOUR POUR L’AMOUR?
Je n'ai jamais cherché autre chose que le scandale et je l'ai cherché
pour lui-même. Soyez heureux, petits esprits. La voici la belle arme,
elle sort de chez Gastinne-Renette, qui vous permettra de m’abattre
au tournant : il cherche le scandale pour le scandale, tout s’explique.
Allez-jr du mépris, mes mignons ; parlez, je vous en prie, de mon
néant intellectuel. La littérature, la poésie, l’art si je les défends un
peu contre Dada vieux monstre légendaire, ce n’est pas par culte de
ces saint-sulpiceries délirantes — mais je ne vois pas de raison
d’abandonner un moyen commode de provoquer le scandale, ma
pâture. Tout au monde, Dada, la guerre, la peinture, les femmes,
mes amis, les journaux quotidiens et les hebdomadaires, la hideur
et la beauté, le crime, Edith Cavell, Arthur Rimbaud, la petite fille
coupée en morceaux, le marquis de Sade, Jacques Vaché, l’armée
(JE FAIS APPEL AUX JEUNES GENS : QU’ILS DÉSERTENT
EN MASSE), Paris pendant la guerre de Bartholomé, qui tient un
phallus dans sa main, l’ignare Pasteur, le médiocre Banville, Renan
le masturbateur, et les autres oiseaux de passage : Poincaré, le Doc
teur Vaillant, Madame Steinmann, LES GÉNÉRAUX, les danseuses
de music-hall, la duchesse d’Uzès (il n’y a pas nom de plus vulgaire
à prononcer), Hugo Stinnes, et quelqu’un que je ne peux pas nommer
sans pâlir, malgré cette distance qui nous sépare comme une héroïne
de théâtre avec des ondes hertziennes dans les cheveux — ET JE
VOUS DÉFENDS DE RIRE—une certaine facilité que j’ai d écrire,
et — par exemple — le sacrement de la communion et le fait de ne
pas porter de bretelles,
OUF