8 de son accession à la liberté totale. Sur cette pierre d’assise s’élaborera toute son œuvre. Chaque groupe nouveau depuis, pressentant l’importance de cette œuvre, essayera de la réclamer. Arp, jamais, ne refuse ces étiquettes qui, comme des mousses à une sphère de pierre, se collent à lui sans pouvoir le freiner, ni même changer de si peu que ce soit la direction de son mouvement, tandis qu’il dévale les couloirs de l’air, attentif seulement à son juste d'élire. Ainsi, il est surréaliste, il est sculpteur, il est amoureux, il est abstrait — et qualifie lui-même ses abstractions de concrètes. Peut-on reprocher au vent d’être indépendant, lorsqu’il détruit toutes les cons tructions vétustes, tous les arbres morts, lorsqu’il décuple l’ardeur de tous les feux naissants. Tout poème de Arp est une vérité animée à son gré, pourrait dire Marcel Duchamp : à l’intérieur de toute vérité en effet —• et c’est peut-être là un des points fondamentaux de ce qu’il nous enseigne — un nombre rigoureux de composants peuvent se déplacer selon leur harmonie propre, chaque fois changeant ce qui trid'imensionnellement apparaît comme cette vérité, et qui, à un stade de vision supérieur, n’est qu’une des multiples formes contenues par son possible. C’est là, entre autres, nous semble- t-il, tout le secret de ses papiers déchirés qui sont eux aussi des poèmes, avec ceci de particulier que chaque strophe, apparemment, détruit la pré cédente : le temps, sagement s’est couché sous le pas de la conscience investigatrice du poète. Pour fouiller cet au-delà du raisonnable et prouver l’inexistence de l’impos sible par quoi les prêtres de l’homme cartésien le lui interdisaient, Arp comme tout chercheur convaincu éprouve sur lui-même sa méthode a'e provocation : il se fait pieuvre et retournant sa tête continue de vivre — le miracle se fait si bien qu’il cesse d’être miracle. Au vide il offre son lacis de nerfs, veinules, artérioles. A qui le veut, si tant est que quelqu’un habite cet inconnu, il offre les ramifications précises de son appareil sen sitif et expressif. L’univers répond : les pierres sont des entrailles