ERIK SATIE 203 Le ridicule les attire. Exemple : — Lavignac, dans son livre de La Aîusique et Les Æusiciens (page 556), dit que « l'école française peut à juste titre, s’enorgueillir « de compter dans ses rangs des maîtres comme : Gastinel, « Colomer, Canoby, Mme la Comtesse de Crandval, « Falkenberg, Mlle Augusta Holmes, Lepot-Dela- « HAYE, de Boisdeffre, William Chaumet, etc.... » (Un pari, n’est-ce pas?).... 11 est évident que ces Maîtres ont fait leurs preuves. Le Monde entier les vénère — vénériens, sûrement.... Remarquez qu’heureusement, niChabrier,niDebussy, ni Dukas ne figurent parmi ces « maîtres dont l’école « française peut à juste titre s’enorgueillir. » .... Et dire que Lavignac était un fort brave homme!... Notez que son livre est très consulté et qu’il donne le “ton” dans les milieux pédagogiques... Hein?.. Voilà ce que l’on enseigne à nos pauvres petits enfants!... 11 est neureux que je n'en aie pas — même pas un seul. ♦ * # Le XIX* siècle nous a donné trois Seconds Prix de Rome saillants : — Camille Saint-Saëns, Paul Dukas et Mau rice Ravel. L’esprit * ‘ concours de l’Institut ” est visible chez Saint-Saëns et Ravel; il est invisible chez Paul Dukas. Ce musicien est le seul élève du Conservatoire dont le sens créateur n’a pas été faussé par l’origine de son ins truction; et l’auteur de La Péri est un des plus estimables penseurs qui soient, un admirable technicien. Il n'y a rien du “pion” en Paul Dukas.