216 MAX JACOB LA POÉSIE VOCABULAIRE, pan Jeans Cocteau (Ed. de la Sirène) Au nom de Jean Cocteau, on est interrompu par des clameurs et par l'expression de tous les sentiments qui remplacent souvent la criti que. Le croirait-on ? il faut du courage pour parler sympathiquement d’un dramatu ge qui ne fait rien moins que d'inventer un théâtre nou veau par l'union du music-hall et du dialogue littéraire, d’un poète qui possédant tous les tons reste lui-même quand il en change, d'un prosa teur qui n’a d'esprit qu’à proportion de son bon sens (et Dieu sait qu'il en a plus qu'homme de France). Sur ce poète si un, si simple et si complexe, il y aurait pour l’analyste (hélasl ce n’est pas moi l’analyste) autant d’articles à écrire que ses faces sont multiples. Il y aurait Jean Cocteau novateur bon enfant, pas dilettante du tout, novateur malgré lui ; il y aurait l’éclat de rire de Cocteau devant le ridicule ; la pensée philosophique de Cocteau ; les personnages de Cocteau qui font songer à Molière, l’indulgence émue de Cocteau, le traditionnalisme de Cocteau; il y aurait Cocteau moraliste dans tous les sens de ce mot (car partout où il y a grandeur cachée ou non, il y a l’amour de la vertu.) Il y aurait Cocteau poète surtout dans cet article. Il ne s'agit ici que de notes prises en lisant Vocabulairej>, ce livre charmant au titre charmant : je ne sais pas écrire un article. Je ne dirai pas que Jean Cocteau a l'œil d'un peintre, car l’œil du meilleur peintre, n'en déplaise aux amateurs de peintres, n'est que le meilleur appareil photographique, or l'œil merveilleux de ce poète