2 22 LA MUSIQUE LA MUSIQUE A PROPOS DE "MAVRA” de Igor Strawinsky Décidément la “ gauche musicale " sent le moisi. C’est un fait certain — Æavra a confirmé ce que “ Pat'ades ” nous laissait entrevoir, c'est-à-dire qu’il existe une ** Critique d'avant-guerre ” mais qu'il ne semble pas encore s’en former une, apte à juger la musique actuelle. C'est dommage, car les dernières œuvres de Strawinsky comme celles de Satie auraient grand besoin de commentateurs compréhensifs pour les faire admettre et les expliquer au public. A l'époque du Sacre l'opinion d’un Vuillermoz faisait loi — Il n’en est plus de même aujourdhui, M. Vuillermoz ayant donné, à maintes reprises, depuis deux ans, la preuve qu’ils apportent au passé. Dès lors qu’importe s’il trouve que Strawinsky "manque de mélodie”. Ce qui est beaucoup plus grave, c'est de voir que l'élément jeune de la critique musicale, à l'exception de M. Roland Manuel n entend plus la musique de Strawinsky. C'est ainsi que M. Maurice Bex dans la Revues Hebdomadaires du 17 Juin déclare ne trouver dans Æavra que « torrent de syncopes », « désordre organisé », « bondissements soudains aussi agréables à entendre qu'il est plaisant de voir jouer un jeune chien ». Il est regrettable que Monsieur Bex ait si mal écouté cette parti tion, au contraire splendide de Logiques et de précision^. Tel autre trouve « l'orchestration lourde et vulgaire » comme si l’emploi d’un orchestre d'Harmonie n'était pas chose voulue par l’au teur.