287 aquarium. On n’y voyait rien que des livres. Les quatre murs en étaient tapissés, partagés en rayons comme le miel et la cire d’une ruche; des piles de bouquins qu’on n’avait pas encore eu le temps de classer (accablement ou négligence du jeune Edon Krijanowsky, disciple secrétaire) s’élevaient en colonnes branlantes, penchées chacune autant que la Tour de Pise, avec des creux et des renflements, des retraits et des avancés tels que cela aussi, par delà hauteur, largeur et profondeur donnait à rêver de la quatrième dimension, là où gît cette somme, ce cristal ou ces vapeurs de connaissance à quoi parfois l’on touche en rêve pour demeurer, au réveil, les mains vides, ridicule, burlesque dans la demi-nudité du som meil bourgeois, parmi des bouquins écrasés, ouverts à contre- pages, les coins cassés comme des nez, petite armée anéantie de docteurs guerriers vêtus de toile rude et de basane. A peine avait-on mesuré assez de place pour loger, au faîte d’une bibliothèque, un buste du Docteur Subtil, lequel au douzième siècle fit, dit-on, parler les bêtes, ou du moins les entendit; un autre buste d’un bronze si vert-grisé qu’il semblait le tronc moisi d’un nègre et qui était celui de Geoffroy Saint-Hilaire. Entre les deux larges fenêtres s’ouvrant sur le décor mesuré des poiriers, pêchers et abricotiers de la pépinière du Luxem bourg, un portrait du maître, un tableau à l’huile, durement verni et qu’on voyait noircir un peu plus à chaque aurore, exécuté par M. Werth — c’est assez dire l’étroitesse de cette image — pour qui Dominique Dalibert avait posé en uniforme noir d’officier d’état-major, lieutenant-colonel directeur du Centre territorial de zoophilie militaire, pigeons-voyageurs, chiens de guerre et souris avertisseuses pour sous-marins, ce qui eût pu, jusqu’à un certain point, et si l’on se réfère à telle guerre de bureaux point encore oubliée, donner droit au savant