320 encore comme des poissons rouges dans un bocal, des yeux qui sonnent comme des pois secs dans un grelot. C’est une étrange musique. Le concert du monde. Descendez un seau dans le puits. Je suis ici avec la vérité qui a mine de tripière. Elle est coiffée d’un bonnet phrygien. Oh oui ! c’est bien trop profond pour que la lune vienne danser avec nous. Moi, j’ai toujours soif. Je comprends très bien tout ce que vous dites, Monsieur, mais qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas. 11 y a certainement une erreur. C’est le diable qui est dieu. Je vous en supplie, arrachez-lui son masque et vous verrez. Vous verrez la figure si pâle de mon ami. Vous com prendrez alors que je ne puis pas vous pardonner. Je vous entends au fond d’un microphone. Mes nerfs fonctionnent très mal, quelle friture! Ne me secouez pas je vous en prie. Je répète une comédie. “ .... Jésus 1 allons ! ” Vous avez du chagrin, Monsieur, que voulez-vous ? Moi aussi j’ai été enfant de chœur à Vendôme dans la vieille cha pelle du lycée. Style épistolaire. J’étais joli comme un amour. Nous faisions des farces à l’aumônier, un'gros. Une fois j’ai noyé un papillon dans la burette au vin, avant la messe, du vin rouge de Banyuls. Miracle authentique. L’aumônier a bu le papillon sans rien dire. Il n’a jamais rien dit. Il réunissait les enfants de chœur chez lui. Il nous racontait des histoires bleues sur la Sainte-Vierge. C’est lui qui m’apprit un soir d’hiver la vie de Sainte-Catherine de Sienne. Sainte-Catherine, quel poète! Vous, Monsieur, qui êtes aumônier militaire, vous devriez faire des poèmes pour les agonisants. Nous, nous faisions cuire des marrons sous la cendre. Nous étions promis au royaume de Dieu. Je parle beaucoup parce qu’il le faut. Je sais néanmoins ce qu’on appelle extase, mon âme au bout d’un fil. Mon cœur est en plomb. Maintenant, tirez la corde du puits, remontez-moi vers le soleil. Merci oh merci ! Quand j’ai fait ma première communion, voyez-vous, j’ai promis à l’aumônier de dire chaque soir un pater et un ave, jusqu’au jour de ma vingtième année. Oh je suis bien puni. Croyez-vous