325 croyez-moi, que derrière les lunettes de M. Vauxcelles, et dans cette éternelle larme qui pointe à ses cils. Ne lisez plus ses mornes palmarès et regardez, avec des yeux non pré venus, les œuvres de Maria Blanchard, de de la Fresnaye, de Bissière, de Gernez, de Lotiron, etc. Vous vous aper cevrez ainsi que la Poésie, la Musique et la Peinture (mal gré l’indifférence qu’affectent les uns pour les autres pein tres, musiciens et poètes) n’en marchent pas moins la main dans la main, comme au temps de l’impressionnisme, lequel n’est pas défunt, ainsi que beaucoup le pensent, mais a sim plement passé du plan musical et coloré au plan plastique, sur lequel il essaie d’édifier de nouvelles assises. Excusez-moi, monsieur, de répondre à votre consultation autrement peut-être que vous ne l’eussiez désiré; j’aurais eu encore bien des réflexions à joindre à celles qui pré cèdent, mais elles eussent fait double emploi avec celles que je publie dans la Nouvelle Revue Française de ce mois, sous le titre « Réflexions sur le Salon d’Automne ». André LHOTE. * * * Je me suis ennuyé profondément dans la Salle II, au Salon d’Au tomne, bien qu’il y figure des morceaux dont l’intérêt est certain. De vant ces quelques œuvres pour lesquelles j’ai fait exception, j’ai pour tant ressenti une fois de plus l’amertume de voir des talents-nés se perdre dans des doctrines fabriquées, des natures qui auraient pu être libres, se mettre dans l’esclavage d’un dogme déplorablement systé matique et rigidement luthérien. Il est possible que les envois de la Salle II soient « l’expression fidèle des tendances artistiques actuelles ». J’ai bien le goût de rester jeune toujours et de toujours être avec les jeunes, mais, sans vieillir, je reste fidèle à la croyance de mes vingt ans, qu’il faut pour l’artiste se maintenir dans l’indépendance absolue, MÊME EN FACE DES LOIS QUI POURRAIENT ÊTRE BONNES EN ELLES-MÊMES. Je crains que dans le désir de discipline qui anime tant de nos jeunes peintres ne se glisse, à côté d’un sentiment louable, une fâcheuse obéissance à des Règles, attitude qui n’est digne ni de leurs personnes ni de leurs pinceaux. Résolument individualiste en art, je m’effraie de les voir marcher à la file indienne derrière des chefs scolastiques. C’était bon au temps d.e la tranchée quand il y avait des sergents, mais un peintre n’a pas besoin d’uniforme : son devoir est de le piétiner. Les vraies tendances artistiques actuelles s’affirmeront à la lumière du soleil, — oui, du soleil qui tout de même existe, — lorsque chacun des hôtes de la Salle II, et d’autres, reprendront leur liberté, pour tout dire déserteront l’Ecole, plus redoutable que celle de la rue Bonaparte, où des maîtres ennuyeux, d’une rugueuse austérité leur ont appris les secrets, à vrai dire, peu mystérieux, de la monotonie en quelque sorte automatique. Que, dans un temps où, politiquement, économiquement, internationalement, tout n’est que désordre et gestation confuse d’un monde nouveau, l’artiste éprouve le besoin de freiner ses emballements et de brider ses délires, rien n’est plus rationnel. Mais je considère qu’il