328 vie est lutte, vitesse, danse, révolte. Je ne pense pas que, chez nous, elle détermine comme réactions : faiblesse, sommeil, chaise longue. Austérité, parfois; mais alors austérité puissante, dressée, souriante (puisque forte). Je crois que la poésie cherche la joie, l’harmonie de la joie. Elle a cassé la poésie d’hier parce qu’elle la sentait ennuyeuse ,et mélan colique. Elle n’est encore que devant les morceaux d’un puzzle coloré (coloré est une concession à la peinture opaque; je préférerais lumi neux). Je crois parce que je souhaite. L.es souhaits peuvent créer. La musique? Je ne sais pas. Il me semble que pour r.espirer largement elle a .encore besoin de casser des carreaux et de déménager par la fenêtre des bibelots qui encombrent son boudoir. Fernand Divoire. * ** Il m’est difficile de répondre : la tristesse à laquelle vous faites allusion, je ne la vois pas. Deux peintres dominent la salle II du Salon d’Automne : Dunoyer de Segonzac et Jean Marchand. Si leurs tableaux sont tristes, ils doivent inspirer de la tristesse à qui les regarde. Or, ils ne me donnent que de la joie... Peinture austère? Déjà, pour Jean Marchand, on pourrait discuter cet adjectif. Mais, pour Segonzac? Il n’est pas une peinture qui soit plus nuancée, plus voluptueuse, plus riche que la sienne. Je ne conteste pas d’ailleurs le mot d^austérite. Il est admissible à condition de ne pas trop généraliser. A dire vrai, je crains qu’on confonde tristesse avec gravité. Dans son ensemble, notre peinture contemporaine t.end vers la noblesse et la gravité et veut s’exprimer sobrement. Elle s’oppose à une peinture plus claire, celle des aînés. Mais une remarque générale s’impose. Ces aînés — nous restons parmi les vivants, n’est-ce pas? — dans leurs tableaux qui remontent à quinze ou vingt ans, n’employaient-ils pas une gamme plus sombre que celle qui leur est familière aujourd’hui? Je reste donc sur la note : gravité et noblesse. Elle répond à un besoin si général parmi nous, elle adapte si bien « plasticité, mesure et discipline » qu’on la trouvera dans les autres exprsssions d’art, n’en doutons pas. Et, si l’on veut voir dans les œuvres peintes « de l’humour, du pit toresque, de la fantaisie, du chatoiement », il n’est pas malaisé d’en trouver : de certains membres de l’Institut aux Dadaïstes, la route n’est pas longue et elle possède des relais à chaque pas! René Jean. * ** J.e me permets de contester qu’il y ait des tendances très sensibles parmi les jeunes. Il existe une sorte de discipline intellectuelle qui donne à l’ensemble du Salon d’Automne une apparence de tenue et un respect « sérieux », morne. Ce sont ouvrages d’écoliers obéissants; de goût certes supérieur à celui des générations précédentes! Presque toutes les toiles sont inspirées des musées, comme celles de M. Derain.