200 A Maurice Van Essche Bar Lanterne de papier huilé — chauds yeux mi-clos Gloire des rues interdites aux matelots i Les bourdons policiers se cognent à vos vitres Bar ô cactus éclos sur les décombres de la nuit Les rêves les regrets le désir étendard Halots d’ivresse sur les visages que j’ai baisés De la flamme de punch qui tremble sur les verres Une torsade de typhon s’élève rauque comme une rixe Les murs sont pavoisés de glaces de mirages Combien de cicatrices écrivent mes voyages ô bruit des vagues halètement des flots énamourés Accordéon magicien des coeurs nomades Quels grains menacent sous les paupières plombées des filles Les phalènes des Tropiques ce sont leurs bagues et leurs rires Dans les bouteilles lumineuses d’aurore Chante l’embellie des départs matinaux A Saigon à Dakkar ou à Vera Cruz Toujours la même abeille a bourdonné autour de mon col de toile bleue Elle chante laï-ta-li-va Les beaux pays où je n’aborderai pas Paul DERMÉE