m 203 iii Celle qui viendra demain Avec quelle âme l’accueillerai-je ? J’ai mis dans un vase une branche de sapin Et quelques fruits sur une coupe. C’est l’automne. Il ne faudra pas qu’elle s’étonne De voir mon baiser s’arrêter parfois, Et de me voir parfois soupirer dans mon baiser. C’est l’automne, mais Je serai bien content d’avoir auprès de moi, Auprès de ma main, auprès de mes lèvres, Tes deux seins menus et venus de si loin. Car, ce soir doré et mièvre comme un abricot, Je sens en moi l’anxiété de toutes les amoureuses attentes du monde. Marcel ARLAND. Céline Arnauld Céline Arnauld apporte dans la poésie moderne un délicat tempérament féminin. Sa poésie jaillit de source comme une eau fraîche. Dans les “ Poèmes à Claires Voies „ Céline Arnauld s’égare avec volubilité sur les sentiers inconnus de l’absurde. Elle y recueille une poésie blanche comme un pommier d’avril. Le lyrisme de Céline Arnauld respire une jeune allégresse. C’est fini de chercher la vérité au fond d’un puits desséché. Les poètes lui ont appris le vol lumineux des mots et elle mène les idées comme une ronde de petits enfants insouciants et gais “ On comprend tout à l’envers, dit elle, et c’est mieux „ Les formes de la poésie moderne se prêtent aux multiples ressources de la sensibilité féminine. C’est un matin clair pour le cœur de la femme. “ Des bras de fillettes demeurent suspendus Au cou de la lumière. „ Céline Arnauld s’est débarrassée des tendresses romantiques. M me Desborde Vaîmore fut, elle aussi, un poète maudit. La poésie d’aujourd’hui demande à ses adeptes un cœur nouveau, un cœur “ trempé à la chaux „.