22 se composeront d’essence de giroflée, d’esprit de rose et de violette, de lait de licorne, de souffle de panthère conservé dans une boîte et mélangé avec du vin de Crète. Nous boirons de l’or et de l’ambre jusqu’à ce que le toit tourne à nous donner le vertige». Ben Johnson n’a pas vu cela dans un rêve, mais sa fièvre lyrique a monté par degré, son délire s’est réchauffé par étape jusqu’à lui permettre de trouver (avec toutes ses facultés) ces bains de souffle de panthère. Je n’oublierai jamais le geste admiratif et les exclamations d’Apollinaire quand, je lui ai montré, pendant la guerre, un soir qu’il dînait chez moi, ces pages admirables de Ben Johnson, le dramaturge anglais qui eut sur Shakespeare une si grande influence. De même dans Rabelais, je me rappelle lorsque j’étais étudiant d’avoir souligné des pages étonnantes de non sens, de non sens voulu, cherché, mais qui donnait à l’esprit un trouble spécial bien proche du trouble que doit produire la plus haute poésie. Vous rappelez-vous, mes chers amis, le discours du Seigneur de Baiscul dans le cha pitre IX de Pantagruel : « Bien à propos passaient six blancs entre les deux tropiques, vers le zénith et maille,