46 le milieu de la revue « Sic ». Je connaissais très peu la langue mais je me rendis vite compte que c’était un milieu très futuriste et il ne faut pas oublier que deux ans avant dans mon livre « Pasando y pasando » j’avais attaqué le futurisme comme très vieux, au moment même où tout le monde criait à l’avènement de quelque chose de tout à fait nouveau. Je cherchais partout cette poésie créée, sans rapport avec le monde externe et parfois quand je croyais la trouver je m’apercevais bientôt que ce n’était que mon manque de connaissance de la langue qui me faisait la voir là où elle n’était pas du tout ou à peine en petits fragments comme dans mes plus vieux livres de 1913 et 1915. Avez-vous remarqué la force spéciale, l’am biance presque créative qui entoure les poésies écrites dans une langue que vous commencez à balbutier ? Vous trouvez merveilleux des poèmes qui vous feront sourire un an après. Le milieu d’Apollinaire contenait, à part lui qui était un poète indiscutable, quelques chercheurs sérieux ; malheureusement la plu part très peu doués du feu sacré, car rien de plus faux que de croire que les dons courent les rues. Les véritables dons de poète sont la chose la plus rare qui existe. Je ne prends pas ici le