57 comme nouveauté les poèmes faits avec des mots et des titres découpés dans les journaux. Je me rappelle qu’un soir, en 1917, à l’atelier du peintre Juan Gris, nous nous amusions avec quelques amis à faire des poèmes en écri vant chacun un vers sur une feuille de papier et en la passant pliée à son voisin pour qu’il éîrivit le sien sans lire les antérieurs. L’effet était assez curieux et parfois même très beau, mais de cette beauté du hasard dans laquelle toijours on sentira quelque chose qui manque, et cette chose n’est que la volonté, la volonté fatile qui doit traverser comme un fer rouge d’ui bout à l’autre toute œuvre qui a un élan d’altitude supérieure. Pïblo Picasso qui était parmi nous, amusé par le jeu, se mit à parler d’une machine que l’on remplirait de phrases et de mots découpés dans les journaux et qu’on sortirait au hasard en y nettant deux sous comme dans les appa reils des bars. Évidemment, le hasard peut faire des choses... mais aissi il peut en faire d’autres... Il ne faut pas accorder plus d’importance à l’élément imprévi qu’à n’importe quel autre élément de la poése. Un autre jour, chez moi, après dîner, nous fîmes, Hax Jacob et moi, un poème en colla boration (poème que je conserve encore) en