J’aurais pu aussi écrire un drame d'idées et flatter le goût
du public actuel qui aime à se donner l’illusion de penser.
J’ai mieux aimé donner un libre cours à cette fan
taisie qui est ma façon d’interpréter la nature, fantaisie,
qui selon les jours, se manifeste avec plus ou moins de mélan
colie, de satire et de lyrisme, mais toujours, et autant qu’il m’est
possible, avec un bon sens où il y a parfois asse\ de nouveauté
pour qu’il puisse choquer et indigner, mais qui apparaîtra aux
gens de bonne foi.
Le sujet est si émouvant à mon avis, qu’il permet même que
l'on donne au mot drame son sens le plus tragique; mais il tient
aux Français que, s'ils se remettent à faire des enfants, l'ou
vrage puisse être appelé, désormais, une farce. Rien ne saurait
me causer une joie aussi patriotique. N’en doute\ pas, la répu
tation dont jouirait justement, si on savait son nom, l'auteur
de la Farce de Maistre Pierre Pathelin m'empêche de
dormir.
On a dit que je m’étais servi de moyens dont on use dans
les revues; je ne vois pas bien à quel moment. Ce reproche
toutefois n’a rien qui puisse me gêner, car l’art populaire
est un fonds excellent et je m'honorerais d'y avoir puisé
si toutes mes scènes ne s'enchaînaient naturellement selon
la fable que j'ai imaginée et où la situation principale : un
homme qui fait des enfants, est neuve au théâtre et dans les