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LES MAMELLES<br/><br/>DE<br/><br/>TIRÉSIAS<br/>
DU MÊME AUTEUR<br/><br/>L’Enchanteur pourrissant, in-40, 1909, bois d’André Derain (Kahnweiler).<br/>L’Hérésiarque et Cie, in-18, 1910 (P. V. Stock;.<br/><br/>Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, in-40, 1911 » bois de R. Dufy (Depianchc).<br/><br/>Les peintres cubistis, petit in-40, illustré, 1912 (Figuière).<br/><br/>Alcools, poèmes, in-)8, avec un portrait par Picasso, 1913 (Mercure de France).<br/>Le poète assassiné, in-18, ccuveiture en couleurs par Capiello, portrait par<br/>Rouveyre, 1916 (L’Edition).<br/><br/>Vitam impendere arrori, poèmes, avec 8 dessins d’André Rouveyre, 1917<br/>{Mercure de France).<br/><br/>Calligrammes, poèmes, in-8°, avec portrait par Picasso, 1918 (Mercure de<br/>France).<br/>
GUILLAUME APOLLINAIRE<br/><br/>LES MAMELLES<br/><br/>DE TIRESIAS<br/><br/>DRAME 'SURRÉALISTE<br/><br/>EN DEUX ACTES ET UN PROLOGUE<br/><br/>Avec la musique de Germaine Albert-Birot<br/><br/>Et sept dessins hors texte de Serge F irai<br/><br/>PARIS<br/><br/>ÉDITIONS SIC<br/><br/>37, RUE DE DA TOMBE-ISSOIRE<br/>
Tous droits de traduction, de reproduction, de représentation et d'adaptati<br/>réservés pour tous pays.<br/><br/>Capyright oy Guillaume Apollinaire, 1917.<br/>
LA REVUE SIC A ORGANISÉ<br/>LA PREMIÈRE REPRÉSENTA-<br/>TION DE CET OUVRAGE LE<br/>24 JUIN I9I7, SUR UNE<br/>SCÈNE SISE 10 ET 12, RUE<br/>DE L’ORIENT, A PARIS.<br/>
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PRÉFACE<br/><br/>Sans réclamer d'indulgence, je fais remarquer que ceci est<br/>une œuvre de jeunesse, car sauf le Prologue et la dernière<br/>scène du deuxième acte qui sont de ig 16, cet ouvrage a été fait<br/>en igo3, cest-à-dire quatorze ans avant qu'on ne le représentât.<br/><br/>Je l'ai appelé drame qui signife action pour établir ce qui<br/>le sépare de ces comédies de mœurs, comédies dramatiques,<br/>comédies légères qui depuis plus d'un demi-siècle fournissent à<br/>la scène des œuvres dont beaucoup sont excellentes mais de<br/>second ordre et que l'on appelle tout simplement des pièces.<br/><br/>Pour caractériser mon drame je me suis servi d'un néolo-<br/>gisme qu'on me pardonnera car cela m’arrive rarement et j'ai<br/>forgé l’adjectif surréaliste qui ne signifie pas du tout symbo-<br/>lique comme l’a supposé M. Victor Bas ch, dans son feuil-<br/>leton dramatique, mais définit asse\ bien une tendance de l’art<br/>qui si elle n’est pas plus nouvelle que tout ce qui se trouve sous<br/>
le soleil n’a du moins jamais servi à formuler aucun credo,<br/>aucune affimation artistique et littéraire.<br/><br/>L’idéalisme vulgaire des dramaturges qui ont succédé à Vic-<br/>tor Hugo a cherché la vraisemblance dans une couleur locale<br/>de convention qui fait pendant au naturalisme en trompe-l'œil<br/>des pièces de mœurs dont on trouverait l'origine bien avant<br/>Scribe, dans la comédie larmoyante de Nivelle de la Chaussée.<br/><br/>Et pour tenter, sinon une rénovation du théâtre, du moins un<br/>effort personnel, j'ai pensé qu'il fallait revenir à la nature<br/>même, mais sans l'imiter à la manière des photographes.<br/><br/>Quand l’homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue<br/>qui ne ressemble pas à une jambe. Il a fait ainsi du surréalisme<br/>sans le savoir.<br/><br/>Au demeurant, il m'est impossible de décider si ce drame est<br/>sérieux ou non. Il a comme but d'intéresser et d'amuser.<br/>C’est le but de toute œuvre théâtrale. Il a également pour<br/>but de mettre en relief une question vitale pour ceux qui<br/>entendent la langue dans laquelle il est écrit : le problème de la<br/>repopulation.<br/><br/>J’aurais pu faire sur ce sujet qui n’a jamais été traité une<br/>pièce selonleton sarcastico-mélodramatique qu’ont mis à la mode<br/>les faiseurs de « pièces à thèse ».<br/><br/>J’ai préféré un ton moins sombre, car je ne pense pas que le<br/>théâtre doive désespérer qui que ce soit.<br/>
J’aurais pu aussi écrire un drame d'idées et flatter le goût<br/>du public actuel qui aime à se donner l’illusion de penser.<br/><br/>J’ai mieux aimé donner un libre cours à cette fan-<br/>taisie qui est ma façon d’interpréter la nature, fantaisie,<br/>qui selon les jours, se manifeste avec plus ou moins de mélan-<br/>colie, de satire et de lyrisme, mais toujours, et autant qu’il m’est<br/>possible, avec un bon sens où il y a parfois asse\ de nouveauté<br/>pour qu’il puisse choquer et indigner, mais qui apparaîtra aux<br/>gens de bonne foi.<br/><br/>Le sujet est si émouvant à mon avis, qu’il permet même que<br/>l'on donne au mot drame son sens le plus tragique; mais il tient<br/>aux Français que, s'ils se remettent à faire des enfants, l'ou-<br/>vrage puisse être appelé, désormais, une farce. Rien ne saurait<br/>me causer une joie aussi patriotique. N’en doute\ pas, la répu-<br/>tation dont jouirait justement, si on savait son nom, l'auteur<br/>de la Farce de Maistre Pierre Pathelin m'empêche de<br/>dormir.<br/><br/>On a dit que je m’étais servi de moyens dont on use dans<br/>les revues; je ne vois pas bien à quel moment. Ce reproche<br/>toutefois n’a rien qui puisse me gêner, car l’art populaire<br/>est un fonds excellent et je m'honorerais d'y avoir puisé<br/>si toutes mes scènes ne s'enchaînaient naturellement selon<br/>la fable que j'ai imaginée et où la situation principale : un<br/>homme qui fait des enfants, est neuve au théâtre et dans les<br/>
lettres en général, mais ne doit pas plus choquer que certaines<br/>inventions impossibles des romanciers dont la vogue est fondée<br/>sur le merveilleux dit scientifique.<br/><br/>Pour le surplus, il n’y a aucun symbole dans ma pièce qui<br/>est fort claire, mais on est libre d’y voir tous les symboles que<br/>l’on voudra et d’y démêler mille sens comme dans les oracles<br/>sybillins.<br/><br/>M. Victor Bascli qui n'a pas compris, ou n’a pas voulu<br/>comprendre, qu'il s'agissait de la repopulation, tient à ce que<br/>mon ouvrage soit symbolique ; libre à lui. Mais il ajoute : « que<br/>la première condition d’un drame symbolique c'est que le<br/>rapport entre le symbole qui est toujours un signe et la chose<br/>signifiée soit immédiatement discernable ».<br/><br/>Pas toujours cependant et il y a des œuvres remarquables<br/>dont le symbolisme justement prête à de nombreuses interpré-<br/>tations qui parfois se contrarient.<br/><br/>J’ai écrit mon drame surréaliste avant tout pour les Français<br/>comme Aristophane composait ses comédies pour les Athé-<br/>niens.<br/><br/>Je leur ai signalé le grave danger reconnu de tous qu’il y a<br/>pour une nation qui veut être prospère et puissante à ne pas<br/>faire d’enfants, et pour y remédier je leur ai indiqué qu'il<br/>suffisait d’en faire.<br/><br/>M. Deffoux, écrivain spirituel, mais qui m’a l’air d'être un<br/>
— i5 —<br/><br/>malthusien attardé fait je ne sais quel rapprochement saugrenu<br/>entre le caoutchouc (/) dont sont faits les ballons et les balles qui<br/>figurent les mamelles [c'est peut-être là que M. Basch voit un<br/>symbole) et certains vêtements recommandés par le néo-malthu-<br/>sianisme. Pour parler franc, ils n'ont rien à faire dans la<br/>question, car il n’y a pas de pays où l’on s'en serve moins<br/>qu'en France, tandis qu'à Berlin, par exemple, il ne se passe<br/>pas de jour qu’il ne manque vous en tomber sur la tête pendant<br/>qu'on se promène dans les rues, tant les Allemands, race encore<br/>prolifique, en font un grand usage.<br/><br/>Les autres causes auxquelles avec la limitation des gros-<br/><br/>(i) Pour me laver de tout reproche touchant l’usage des mamelles en caoutchouc<br/>voici un extrait des journaux prouvant que ces organes étaient de la plus stricte<br/>légalité.<br/><br/>« Interdiction de la vente des tétines autres que celles en caoutchouc<br/>pur, vulcanisé à chaud. —A la date du 28 février dernier, a été promulguée<br/>au « Journal officiel » la loi du 26 février 191J, modifiant l'article Ier de la<br/>loi du 6 avril 1910, qui ne visait que l'interdiction des biberons à tube.<br/><br/>Le nouvel article Ier de cette loi est désormais ainsi conçu :<br/><br/>« Sont interdites la vente, la mise en vente, l’exposition et l’importation :<br/><br/>« i° Des biberons à tube;<br/><br/>a 20 Des tétines et des sucettes fabriquées avec d’autres produits que le<br/>caoutchouc pur, vulcanisées par un autre procédé que la vulcanisation à chaud, et<br/>ne portant point, avec la marque du fabricant ou du commerçant, l'indication<br/>spèciale : « caoutchouc pur ».<br/><br/>Sont donc seules autorisés les tétines et sucettes jabriquêes avec du caout-<br/>chouc bur et vulcanisées à chaud.<br/>
16 —<br/><br/>sesses par moyens hygiéniques on attribue la dépopulation,<br/>l'alcoolisme par exemple, existe partout ailleurs et dans des pro-<br/>portions bien plus vastes qu'en France.<br/><br/>Dans un livre récent sur l'alcool, M. Yves Guyot ne remar-<br/>quait-il pas que si dans les statistiques de l’alcoolisme, la France<br/>venait au premier rang, l’Italie, pays notoirement sobre, venait<br/>au second rang! Cela permet de mesurer la foi que l'on peut<br/>accorder aux statistiques ; elles sont menteuses et bien fol est<br/>qui s'y fe. D'autre part n est-il pas remarquable que les pro-<br/>vinces où l'on fait en France le plus d'enfants soient justement<br/>celles qui viennent au premier rang dans les statistiques de l'al-<br/>coolisme !<br/><br/>La faute est plus grave, le vice est plus profond, caria vérité<br/>est celle-ci : on ne fait plus d’enfants en France parce qu'on<br/>n'y fait pas asse\ l'amour. Tout est là.<br/><br/>Mais jenem étendraipas davantage sur ce sujet. Il faudrait<br/>un livre tout entier et changer les mœurs. C'est aux gouver-<br/>nants à agir, à faciliter les mariages, à encourager avant tout<br/>l’amour fécond, les autres points importants comme celui du<br/>travail des enfants seront ensuite facilement résolus pour le<br/>bien et l'honneur du pays.<br/><br/>Pour en revenir à l'art théâtral, on trouvera dans le pro-<br/>logue de cet ouvrage, les traits essentiels de la dramaturgie<br/>que je propose.<br/>
— i7 ~<br/><br/>J’ajoute qu’à mon gré cet art sera moderne, simple, rapide<br/>avec les raccourcis ou les grossissements qui s’imposent si l’on<br/>veut frapper le spectacteur. Le sujet sera asse% général pour que<br/>l’ouvrage dramatique dont il formera le fond puisse avoir une<br/>influence sur les esprits et sur les mœurs dans le sens du devoir<br/>et de l’honneur.<br/><br/>Selon le cas, le tragique l’emportera sur le comique ou inver-<br/>sement. Mais je ne pense pas que désormais, l’on puisse supporter,<br/>sans impatience, une œuvre théâtrale où ces éléments ne s’oppose-<br/>raient pas, car il y a une telle énergie dans l’humanité d’aujour-<br/>d’hui et dans les jeunes lettres contemporaines, que le plus grand<br/>malheur apparaît aussitôt comme ayant sa raison d'être, comme<br/>pouvant être regardé non seulement sous l’angle d’une ironie bien-<br/>veillante qui permet de rire, mais encore sous l’angle d’un opti-<br/>misme véritable qui console aussitôt et laisse grandir l’espérance.<br/><br/>Au demeurant, le théâtre n’est pas plus la vie qu’il interprète<br/>que la roue n’est une jambe. Par conséquent, il est légitime,<br/>à mon sens, de porter au théâtre des esthétiques nouvelles et<br/>frappantes qui accentuent le caractère scénique des personnages<br/>et augmentent la pompe de la mise en scène, sans modifier toute-<br/>fois le pathétique ou le comique des situations qui doivent se<br/>suffire à elles-mêmes.<br/><br/>Pour terminer, j’ajoute que, dégageant des velléités littéraires<br/>contemporaines une certaine tendance qui est la mienne, je ne pré-<br/>
tends nullement fonder une école, mais avant tout protester contre<br/>ce théâtre en trompe-Vœil qui forme le plus clair de l’art théâtral<br/>d’aujourd'hui. Cetrompe-l’œilqui convient, sans doute, au cinéma,<br/>est, je crois, ce qu’il y a de plus contraire à l’art dramatique.<br/><br/>J’ajoute, qu'à mon avis, levers qui seul convient au théâtre, est<br/>un vers souple, fondé sur le rythme, le sujet, le souffle et pou-<br/>vant s’adapter à toutes les nécessités théâtrales. Le drama-<br/>turge ne dédaignera pas la musique de la rime, qui ne doit pas<br/>être une sujétion dont l'auteur et l’auditeur se fatiguent vite<br/>désormais, mais peut ajouter quelque beauté au pathétique, au<br/>comique, dans les chœurs, dans certaines répliques, à la fin de<br/>certaines tirades, ou pour clore dignement un acte.<br/><br/>Les ressources de cet art dramatique ne sont-elles pas infi-<br/>nies ? Llouvre carrièreà l’imagination dudramaturge, qui rejetant<br/>tous les liens qui avaient paru nécessaires ou parfois renouant<br/>avec une tradition négligée, ne juge pas utile de renier les plus<br/>grands d’entre ses devanciers. Ll leur rend ici l’hommage que<br/>l’on doit à ceux qui ont élevé l’humanité au-dessus des pauvres<br/>apparences dont, livrée à elle-même, si elle n'avait pas eu les<br/>génies qui la dépassent et la dirigent, elle devrait se contenter.<br/>Mais eux, font paraître à ses yeux des mondes nouveaux<br/>qui élargissant les horizons, multipliant sans cesse sa vision,<br/>lui fournissent la joie et l'honneur de procéder sans cesse aux<br/>découvertes les plus surprenantes.<br/>
— i9 —<br/><br/>A LOUISE-MARION<br/><br/>Louise Marion vous fûtes admirable<br/>Gonflant d'esprit tout neuf vos multiples tétons<br/><br/>La féconde raison a jailli de ma fable<br/>Plus de femme stérile et non plus d'avortons<br/>Votre voix a changé l'avenir de la France<br/>Et les ventres partout tressaillent d'espérance<br/>
20<br/><br/>A MARCEL HERRAND<br/><br/>Vous fûtes le mari sublime ingénieux<br/>Qui faisant des enfants nous suscite des dieux<br/>Mieux armés plus unis plus savants plus dociles<br/>Plus forts et plus hardis que nous n'avons été<br/>La Victoire sourit à leurs destins habiles<br/>Et célébrant dans l'ordre et la prospérité<br/>Votre civique sens votre fécondité<br/>Ils seront tous un jour l'orgueil de la Cité<br/>
A YETA DAESSLÉ<br/><br/>Étiez-vous bien à Zanzibar Monsieur Lacouf<br/>Qui mourûtes et remourûtes sans dire ouf<br/><br/>Kiosque remuant qui poniez les nouvelles<br/>Vous étie% un cerveau pour toutes les cervelles<br/>Des pauvres spectateurs qui ne le savaient pas<br/>Qu'il leur faut des enfants ou marcher au trépas<br/><br/>Vous fûtes par deux fois la presse qui féconde<br/>Le bon sens en Europe ainsi qu'au Nouveau Monde<br/>Déjà l'écho répète à l'envi vos échos<br/><br/>Merci chère Daesslé<br/><br/>Les petits moricauds<br/><br/>Qui pullulaient au 2e acte de mon drame<br/>Grâce à vous deviendront de bons petits Français<br/>Blancs et roses ainsi que vous êtes madame<br/>Ce sera là notre succès<br/>
A JULIETTE NORVILLE<br/><br/>Voici le temps Madame cù parlent les gens d'armes<br/>J’en suis et c'est pourquoi suscitant les alarmes<br/>J’ai parlé<br/><br/>Vous étiez sur voire beau cheval<br/>Vous représentiez l’ordre et par mont et par val<br/>Nous faisions que revint dans la race française<br/>Le goût d'être nombreuse afin de vivre à l’aise<br/>Ainsi que les enfants du mari de Thérèse<br/>
— 23 —<br/><br/>A HOWARD<br/><br/>Veus étiez tout le peuple et gardiez le silence<br/><br/>Peuple de Zanzibar ou plutôt de la France<br/>Il faut laisser le goût et garder la raison<br/>Il faut voyager loin en aimant sa maison<br/>Il faut chérir Vaudace et chercher l'aventure<br/>Il faut toujours penser à la France future<br/>N'espérez nul repos risquez tout votre avoir<br/>Apprenez du nouveau car il faut tout savoir<br/>Lorsque crie un prophète il faut que l'alliez vo^r<br/>Etfaites des enfants c'est le but de mon conte<br/>L'enfant est la richesse et la seule qui compte<br/>
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PERSONNAGES<br/><br/>AVEC LA DISTRIBUTION DE LA PREMIÈRE REPRESENTATION<br/><br/>Le Directeur ........<br/><br/>Thèrèse-Thirésias et la Cartomancienne .<br/>Le mari...............................<br/><br/>Le gendarme...........................<br/><br/>Le journaliste parisien...............<br/><br/>Le fils...............................<br/><br/>Le kiosque............... ...<br/><br/>Lacouf ...............................<br/><br/>Presto................................<br/><br/>Le peuple de Zanzibar.................<br/><br/>Une dame . ........................<br/><br/>Les chœurs<br/><br/>Edmond Vallée<br/>Louise-Marion<br/>Marcel Herrand<br/>(Jean Thillois)<br/>Juliette Norville<br/>Yéta Daesslé<br/><br/>Edmond Vallée<br/>Howard<br/><br/>Georgette Dubuet<br/>Niny Guyard,<br/>Maurice Lévy,<br/><br/>Max Jacob,<br/><br/>Paul Morisse, etc.<br/><br/>A Zanzibar de nos jours.<br/><br/>A la première représentation les décors et les costumes étaient de<br/>M. Serge Férat, M1'8 Niny Guyard était au piano, la partition d’orchestre<br/>n’ayant pu être exécutée à cause de la rareté des musiciens en temps de<br/>guerre.<br/>
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PROLOGUE<br/><br/>Devant le rideau baissé, le Directeur de la Troupe, en habit, une canne de tranchée à la<br/>main sort du trou du souffleur.<br/>
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SCÈNE UNIQUE<br/><br/>LE DIRECTEUR DE LA TROUPE<br/><br/>Me voici donc revenu parmi vous<br/><br/>J’ai retrouvé ma troupe ardente<br/><br/>J’ai trouvé aussi une scène<br/><br/>Mais j’ai retrouvé avec douleur<br/><br/>L’art théâtral sans grandeur sans vertu<br/><br/>Qui tuait les longs soirs d’avant la guerre<br/><br/>Art calomniateur et délétère<br/><br/>Qui montrait le péché non le rédempteur<br/><br/>Puis le temps est venu le temps des hommes<br/>J’ai fait la guerre ainsi que tous les hommes<br/><br/>C’était au temps où j’étais dans l’artillerie<br/>Je commandais au front du nord ma batterie<br/>
— 32 —<br/><br/>Un soir que dans le ciel le regard des étoiles<br/>Palpitait comme le regard des nouveau-nés<br/>Mille fusées issues de la tranchée adverse<br/>Réveillèrent soudain les canons ennemis<br/><br/>Je m’en souviens comme si cela s’était passé hier<br/><br/>J’entendais les départs mais non les arrivées<br/><br/>Lorsque de l’observatoire d’artillerie<br/><br/>Le trompette vint à cheval nous annoncer<br/><br/>Que le maréchal des logis qui pointait<br/><br/>Là-bas sur les lueurs des canons ennemis<br/><br/>L’alidade de triangle de visée faisait savoir<br/><br/>Que la portée de ces canons était si grande<br/><br/>Que l’on n’entendait plus aucun éclatement<br/><br/>Et tous mes canonniers attentifs à leurs postes<br/><br/>Annoncèrent que les étoiles s’éteignaient une à une<br/><br/>Puis l’on entendit de grands cris parmi toute l’armée<br/><br/>ILS ÉTEIGNENT LES ÉTOILES A COUP DE CANON<br/>
Les étoiles mouraient dans ce beau ciel d’automne<br/>Comme la mémoire s’éteint dans le cerveau<br/>De ces pauvres vieillards qui tentent de se souvenir<br/>Nous étions là mourant de la mort des étoiles<br/>Et sur le front ténébreux aux livides lueurs<br/>Nous ne savions plus que dire avec désespoir<br/><br/>ILS ONT MÊME ASSASSINÉ LES CONSTELLATIONS<br/><br/>Mais une grande voix venue d’un mégaphone<br/>Dont le pavillon sortait<br/><br/>De je ne sais quel unanime poste de commandement<br/>La voix du capitaine inconnu qui nous sauve toujours cria<br/><br/>IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES<br/><br/>Et ce ne fut qu’un cri sur le grand front français<br/><br/>AU COLLIMATEUR A VOLONTÉ<br/><br/>Les servants se hâtèrent<br/>Les pointeurs pointèrent<br/>
- 34<br/><br/>Les tireurs tirèrent<br/><br/>Et les astres sublimes se rallumèrent l’un après Fautre<br/>Nos obus enflammaient leur ardeur éternelle<br/>L’artillerie ennemie se taisait éblouie<br/>Par le scintillement de toutes les étoiles<br/><br/>Voilà voilà l’histoire de toutes les étoiles<br/><br/>Et depuis ce soir-là j’allume aussi l’un après l’autre<br/>Tous les astres intérieurs que l’on avait éteints<br/><br/>Me voici donc revenu parmi vous<br/><br/>Ma troupe ne vous impatientez pas<br/><br/>\ ;<br/><br/>Public attendez sans impatience<br/><br/>Je vous apporte une pièce dont le but est de réformer les mœurs<br/><br/>Il s'agit des enfants dans la famille<br/><br/>C’est un sujet domestique<br/><br/>Et c’est pourquoi il est traité sur un ton familier<br/>
— 35 —<br/><br/>Les acteurs ne prendront pas de ton sinistre<br/><br/>Ils feront appel tout simplement à votre bon sens<br/><br/>Et se préoccuperont avant tout de vous amuser<br/><br/>Afin que bien disposés vous mettiez à profit<br/><br/>Tous les enseignements contenus dans la pièce<br/><br/>Et que le sol partout s’étoile de regards de nouveau-nés<br/><br/>Plus nombreux encore que les scintillements d’étoiles<br/><br/>Ecoutez ô Français la leçon de la guerre<br/>Et faites des enfants vous qui n’en faisiez guère<br/><br/>On tente ici d’infuser un esprit nouveau au théâtre<br/>Une joie une volupté une vertu<br/><br/>Pour remplacer ce pessimisme vieux de plus d’un siècle<br/>Ce qui est bien ancien pour une chose si ennuyeuse<br/>La pièce a été faite pour une scène ancienne<br/>Car on ne nous aurait pas construit de théâtre nouveau<br/><br/>*)*MP<br/><br/>Un théâtre rond à deux scènes<br/><br/>Une au centre l’autre formant comme un anneau<br/><br/>Autour des spectateurs et qui permettra<br/>
— 36<br/><br/>Le grand déploiement de notre art moderne<br/>Mariant souvent s ans lien apparent comme dans la vie<br/>Les sons les gestes les couleurs les cris les bruits<br/>La musique la danse l’acrobatie la poésie la peinture<br/>Les chœurs les actions et les décors multiples<br/><br/>Vous trouverez ici des actions<br/><br/>Qui s’ajoutent au drame principal et l’ornent<br/><br/>Les changements de tons du pathétique au burlesque<br/><br/>Et l’usage raisonnable des invraisemblances<br/><br/>Ainsi que des acteurs collectifs ou non<br/><br/>Qui ne sont pas forcément extraits de l’humanité<br/><br/>Mais de l’univers entier<br/><br/>Car le théâtre ne doit pas être un art en trompe-l’œil<br/><br/>Il est juste que le dramaturge se serve<br/>De tous les mirages qu’il a à sa disposition<br/>Comme faisait Morgane sur le Mont-Gibel<br/>
Il est juste qu’il fasse parler les foules les objets inanimés<br/>S’il lui plaît<br/><br/>Et qu’il ne tienne pas plus compte du temps<br/>Que de l’espace<br/><br/>Son univers est sa pièce<br/>A l’intérieur de laquelle il est le dieu créateur<br/>Qui dispose à son gré<br/><br/>Les sons les gestes les démarches les masses les couleurs<br/>Non pas dans le seul but<br/><br/>De photographier ce que l’on appelle une tranche de vie<br/><br/>Mais pour faire surgir la vie même dans toute sa vérité<br/><br/>Car la pièce doit être un univers complet<br/><br/>Avec son créateur<br/><br/>C’est à dire la nature même<br/><br/>Et non pas seulement<br/><br/>La représentation d’un petit morceau<br/><br/>De ce qui nous entoure ou de ce qui s’est jadis passé<br/>
— 38 —<br/><br/>Pardonnez-moi mes amis ma troupe<br/><br/>Pardonnez-moi cher Public<br/><br/>De vous avoir parlé un peu longuement<br/><br/>Il y a si longtemps que je m’étais retrouvé parmi vous<br/><br/>Mais il y a encore là-bas un brasier<br/>Où l’on abat des étoiles toutes fumantes<br/>Et ceux qui les rallument vous demandent<br/>De vous hausser jusqu’à ces flammes sublimes<br/>Et de flamber aussi<br/><br/>O public<br/><br/>Soyez la torche inextinguible du feu nouveau<br/>
<br/><br/>ACTE PREMIER<br/><br/>La place du marché de Zanzibar, le matin. Le décor représente des maisons, une<br/>échappée sur le port et aussi ce qui peut évoquer aux Fiançais l’idée du jeu de Zanzibar.<br/>Un mégaphone en forme de cornet à dés et orné de dés est sur le devant de la scène<br/>Du côté cour, entrée d’une maison ; du côté jardin, un kiosque de journaux avec une nom-<br/>breuse marchandise étalée et sa marchande figurée dont le bras peut s’animer ; il est encore<br/>orné d’une glace sur le côté qui donne sur la scène. Au fond, le personnage collectif et muet<br/>qui représente le peuple de Zanzibar est présent dès le lever du rideau. Il est assis sur un<br/>banc. Une table est à sa droite et il a sous la main les instruments qui lui serviront à<br/>mener tel bruit au moment opportun : revolver, musette, grosse caisse, accordéon, tambour,<br/>tonnerre, grelots, castagnettes, trompette d'enfant, vaisselle cassée. Tous les bruits indiqués<br/>comme devant être produits au moyen d’un instrument sont menés par le peuple de Zanzi-<br/>bar et tout ce qui est indiqué comme devant être dit au mégaphone doit être crié au public.<br/>
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SCÈNE PREMIÈRE<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, THÉRÈSE<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Visage bleu, longue robe bleue ornée de singes et de fruits peints. Elle entre<br/>dès que le rideau est levé, mais dès que le rideau commence-à se lever, elle<br/>cherche à dominer le tumulte de l'orchestre.<br/><br/>Non Monsieur mon mari<br/><br/>Vous ne me ferez pas faire ce que vous voulez<br/><br/>Chuintement<br/><br/>Je suis féministe et je ne reconnais pas l’autorité de l’homme<br/><br/>Chuintement<br/><br/>Du reste je veux agir à ma guise<br/><br/>Il y a assez longtemps que les hommes font ce qui leur plaît<br/>Après tout je veux aussi aller me battre contre les ennemis<br/>J’ai envie d’être soldat une deux une deux<br/>Je veux faire la guerre Tonnerre et non pas faire des entants<br/>Non Monsieur mon mari vous ne me commanderez plus<br/><br/>Elle se courbe trois fois, derrière au pubKc<br/><br/>Au mégaphone<br/><br/>Ce n’est pas parce que vous m’avez fait la cour dans le Connecticut<br/>Que je dois vous faire la cuisine à Zanzibar<br/>
- 46<br/><br/>VOIX DU MARI<br/><br/>Accent belge<br/><br/>Donnez-moi du lard je te dis donnez-moi du lard<br/><br/>Vaisselle cassée<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Vous l’entendez il ne pense qu’à l’amour<br/><br/>Ella a une crise de nerfs<br/><br/>Mais tu ne te doutes pas imbécile<br/><br/>Eternûinent<br/><br/>Qu'après avoir été soldat je veux être artiste<br/><br/>Éternûment<br/><br/>Parfaitement parfaitement<br/><br/>Eternûaaent<br/><br/>Je veux être aussi député avocat sénateur<br/><br/>Deux éternûments<br/><br/>Ministre président de la chose publique<br/><br/>Eternûment<br/><br/>Et je veux médecin physique ou bien psychique<br/>Diafoirer à mon gré l’Europe et l’Amérique<br/>Faire des enfants faire la cuisine non c’est trop<br/><br/>Elle caquette<br/><br/>Je veux être mathématicienne philosophe chimiste<br/>Groom dans les restaurants petit télégraphiste<br/>Et je veux s’il me plaît entretenir à l’an<br/>Cette vieille danseuse qui a tant de talent.<br/><br/>Eternûment caquetage, après quoi elle imite le bruit du chemin de fer.<br/>
“5<br/><br/>><br/><br/><br/><br/>THÉRÊSI-TIRÉSIAS<br/>
<br/>
— 49<br/><br/>VOIX DU MARI<br/><br/>Accent belge<br/><br/>Donnez-moi du lard je te dis donnez-moi du lard<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Vous l’entendez il ne pense qu’à l'amour<br/><br/>Petit air de musette<br/><br/>Mange-toi les pieds à la Sainte-Menehould<br/><br/>Grosse caisse<br/><br/>Mais il me semble que la barbe me pousse<br/>Ma poitrine se détache<br/><br/>Elle pousse un grand cri<br/><br/>et entr'ouvre sa blouse dont il en sort ses mamelles, l'une rouge, l’autre bleue et, comme<br/>elle les lâche, elles s'envolent, ballons d’enfants, mais restent retenues<br/>par les fils<br/><br/>Envolez-vous oiseaux de ma faiblesse<br/>Et cætera<br/><br/>Comme c’est joli les appas féminins<br/>C’est mignon tout plein<br/>On en mangerait<br/><br/>Elle tire le fil des ballons et les fait danser<br/><br/>Mais trêve de bêtises<br/><br/>Ne nous livrons pas à l’aéronautique<br/><br/>Il y a toujours quelque avantage à pratiquer la vertu<br/>
— 5o —<br/><br/>Le vice est après tout une chose dangereuse<br/>C’est pourquoi il vaut mieux sacrifier une beauté<br/>Qui peut être une occasion de pêché<br/>Débarrassons-nous de nos mamelles<br/><br/>Elle allume un briquet et les fait exploser, puis elle fait une belle grimace avec double<br/>pied de nés aux spectateurs et leur jette des balles qu'elle a dan» son<br/>corsage<br/><br/>Qu’est-ce à dire<br/><br/>Non seulement ma barbe pousse mais ma moustache aussi<br/><br/>Elle caresse sa barbe et retrousse sa moustache qui ont brusquement poussé<br/><br/>Eh diable<br/><br/>J’ai l’air d’un champ de blé qui attend la moissonneuse mécanique<br/><br/>Au mégaphone<br/><br/>Je me sens viril en diable<br/>Je suis un étalon<br/>De la tête aux talons<br/>Me voilà taureau<br/><br/>Sans mégaphone<br/><br/>Me ferai-je torero<br/>Mais n'étalons<br/><br/>Pas mon avenir au grand jour héros<br/>Cache tes armes<br/>
Et toi mari moins viril que moi<br/>Fais tout le vacarme<br/>Que tu voudras<br/><br/>Tout en caquetant, elle va se miïer dans la glace placée sur le kiosque à journaux.<br/><br/>SCENE II<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, THERESE, LE MARI<br/><br/>LE MARI<br/><br/>entre avec un gros bouquet de fleurs, voit qu'elle ne ,1e regarde pas et jette le* fleurs dans<br/>la salle. A partir d’ici le mari perd l’accent belge<br/><br/>Je veux du lard je te dis<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Mange tes pieds à la Sainte-Menehould<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Pendant qu'il parle Thérèse hausse le ton de ses caquetages<br/><br/>Il s'approche comme pour la gifler puis an riant<br/><br/>Ah mais ce n’est pas Thérèse ma femme<br/><br/>Un temps puis sévèrement. Au mégaphone...<br/><br/>Quel malotru a mis ses vêtements<br/>
52 —<br/><br/>Il va l'examsier et revient. Au mégaphone.<br/><br/>Aucun doute c’est un assassin et il l’a tuée<br/><br/>Sans mégaphone<br/><br/>Thérèse ma petite Thérèse où es-tu<br/><br/>Il réfléchit la tête dans les mains, puis campé, les poings sur les hanches<br/><br/>Mais toi vil personnage qui t’es déguisé en Thérèse je te tuerai<br/><br/>Ils se battent, elle a raison de lui<br/><br/>j THERESE<br/><br/>Tu as raison je ne suis plus ta femme<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Par exemple<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Et cependant c’est moi qui suis Thérèse<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Par exemple<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Mais Thérèse qui n’est plus femme<br/><br/>C’est trop fort<br/><br/>LE MARI<br/>
— 53 —<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Et comme-je suis devenu un beau gars<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Détail que j’ignorais<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Je porterai désormais un nom d’homme<br/>Tirésias<br/><br/>LE MARI Les mains jointes<br/><br/>Adiousias<br/><br/>SCÈNE III<br/><br/>Elle sort<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, LE MARI<br/><br/>VOIX DE TIRÉSIAS<br/><br/>Je déménage<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Adiousias<br/><br/>Elle jette successivement par la fenêtre un pot de chambre, un basain et un urinai. Le mari<br/>ramasse le pot de chambre<br/><br/>Le piano<br/><br/>Il ramasse l'urinal<br/><br/>Le violon.<br/><br/>Il ramasse le bassin<br/><br/>L’assiette au beurre la situation devient grave<br/>
- 54 -<br/><br/><br/><br/>SCENE IV<br/><br/>les mêmes, TIRÉSIAS, LACOUF, PRESTO<br/><br/>Tirésias revient avec des vêtements, une corde, des objets hétéroclites. Elle jette tout,<br/>se précipite sur le mari. Sur la dernière réplique du mari, Presto et Lacouf armés de<br/>brownings en carton sont sortis gravement de dessous la scène et s’avancent dans la salle,<br/>cependant que Tirésias maîtrisant son mari, lui ôte son pantalon, se déshabille, lui passe<br/>sa jupe, le ligotte, se pantalonne, se coupe les cheveux et met un chapeau haut de forme.<br/>Ce jeu de scène dure jusqu’au premier coup de revolver.<br/><br/>MARCHE FUNÈBRE<br/><br/>Très lent.<br/><br/>Etouffé.<br/>
55 —<br/><br/>PRESTO<br/><br/>Avec vous vieux Lacouf j’ai perdu au zanzi<br/>Tout ce que j’ai voulu<br/><br/>LACOUF<br/><br/>Monsieur Presto je n’ai rien gagné<br/><br/>Et d’abord Zanzibar n’est pas en question vous êtes à Paris<br/><br/>A Zanzibar<br/><br/>A Paris<br/><br/>PRESTO<br/><br/>LACOUF<br/><br/>PRESTO<br/><br/>C’en est trop<br/>Après dix ans d’amitié<br/><br/>Et tout le mal que je n’ai cessé de dire sur votre compte<br/><br/>LACOUF<br/><br/>Tant pis vous ai-je demandé de la réclame vous êtes à Paris<br/><br/>PRESTO<br/><br/>A Zanzibar la preuve c’est que j’ai tout perdu<br/>
56<br/><br/>LACOUF<br/><br/>Monsieur Presto il faut nous battre<br/><br/>PRESTO<br/><br/>Il le faut Us montent gravement sur la scène et se rangent au fond l'un vis-à-vis de l’autre<br/><br/>A armes égales<br/><br/>LACOUF<br/><br/>PRESTO<br/><br/>A volonté<br/><br/>Tous les coups sont dans la nature<br/><br/>Ils se visent. Le peuple de Zanzibar tire deux coups de revolver et ils tombent<br/><br/>TIRÉSIAS qui est prêt, tressaille au bruit et s'écrie<br/><br/>Ah chère liberté te voilà enfin conquise<br/>Mais d’abord achetons un journal<br/>Pour savoir ce qui vient de se passer<br/><br/>Elle achète un journal et le lit ; pendant ce temps le peuple de Zanzibar place une<br/>pancarte de chaque côté de la scène<br/><br/>PANCARTE POUR PRESTO<br/><br/>Comme il perdait au Zanzibar<br/>Monsieur Presto a perdu son pari<br/>Puisque nous sommes à Paris<br/>
— 57 —<br/><br/>PANCARTE POUR LACOUF<br/>Monsieur Lacouf n'a rien gagné<br/>Puisque la scène se passe à Zanzibar<br/>Autant que la Seine passe à Paris<br/><br/>Dès que le peuple de Zanzibar est revenu à son poste, Presto et Lacouf se redressent,<br/>le peuple de Zanzibar tire un coup de revolver et les duellistes retombent.<br/>Tirésias étonné jette le journal. Au mégaphone<br/><br/>Maintenant à moi l’univers<br/><br/>A moi les femmes à moi l’administration<br/><br/>Je vais me faire conseiller municipal<br/><br/>Mais j’entends du bruit<br/><br/>Il vaut peut-être mieux s’en aller<br/><br/>Elle sort en caquetant tandis que le mari imite le bruit de la locomotive en<br/>marche.<br/><br/>SCÈNE V<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, LE MARI, LE GENDARME<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Tandis que le peuple de Zanzibar joue de l’accordéon, le gendarme à cheval cara-<br/>cole, tire un mort dans la coulisse de façon à ce que ses pieds seuls restent<br/>visibles, fait le tour de la scène, agit de même avec l’autre mort, fait une seconde<br/>fois le tour de la scène et apercevant le mari ficelé sur le devant de la scène<br/><br/>Ça sent le crime ici<br/>
58<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Ah ! puisque enfin voici un agent de l’autorité<br/><br/>Zanzibarienne<br/><br/>Je vais l'interpeller<br/><br/>Eh Monsieur si c’est une affaire que vous me cherchez<br/><br/>Ayez donc l’obligeance de prendre<br/><br/>Mon livret militaire dans ma poche gauche<br/><br/>Au mégaphone<br/><br/>La belle fille<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Sans mégaphone<br/><br/>Dites ma belle enfant<br/><br/>Qui donc vous a traitée si méchamment<br/><br/>LE MARI A part<br/><br/>Il me prend pour une demoiselle<br/><br/>Au gendarme<br/><br/>Si c’est un mariage que vous me cherchez<br/><br/>Le gendarme met la main sur son cœur<br/><br/>Commencez donc par me détacher<br/><br/>Le gendarme le délie en le chatouillant, ils rient et le gendarme répète toujours<br/>Quellt belle fille<br/>
LACOUF<br/>
<br/><br/><br/><br/><br/><br/><br/><br/>•n<br/><br/>
6r —<br/><br/>SCÈNE VI<br/><br/>Les mêmes, PRESTO, LACOUF<br/><br/>Dès que le gendarme commence à détacher le mari, Presto et Lacouf reviennent<br/>à l'endroit où ils sont tombés précédemment.<br/><br/>PRESTO<br/><br/>Je commence à en avoir assez d’être mort<br/>Dire qu'il y a des gens<br/><br/>Qui trouvent qu’il est plus honorable d’être mort que vil<br/><br/>LACOUF<br/><br/>Vous voyez bien que vous n’étiez pas à Zanzibar<br/><br/>PRESTO<br/><br/>C’est pourtant là que l’on voudrait vivre<br/>Mais ça me dégoûte de nous être battus en duel<br/>Décidément on regarde la mort<br/>D'un œil trop complaisant<br/><br/>LACOUF<br/><br/>Que voulez-vous on a trop bonne opinion<br/>De l'humanité et de ses restes<br/>Est-ce que les selles des bijoutiers<br/>Contiennent des perles et des diamants<br/>
PRESTO<br/><br/>On a vu des choses plus extraordinaires<br/><br/>LACOUF<br/><br/>Bref Monsieur Presto<br/><br/>Les paris ne nous réussissent pas<br/><br/>Mais vous voyez bien que vous étiez à Paris<br/><br/>PRESTO<br/><br/>A Zanzibar<br/><br/>LACOUF<br/><br/>En joue<br/><br/>PRESTO<br/><br/>Feu<br/><br/>Le peuple de Zanzibar tire un coup de revolver et ils tombent. Le gendar<br/>a fini de délier le mari<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Je vous arrête<br/><br/>Presto et Lacouf se sauvent du côté opposé d’où ils sont revenus. Accordéon<br/>
— 63 —<br/><br/>SCÈNE VII<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, LE GENDARME,<br/><br/>LE MARI habillé en femme<br/><br/>LE GENDARME<br/>Les duellistes du paysage<br/><br/>Ne m’empêcherons pas de dire que je vous trouve<br/>Agréable au toucher comme une balle en caoutchouc<br/><br/>Atchou<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Vaisselle cassée.<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Un rhume c’est exquis<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Atchi<br/><br/>Tambour. Le mari il relève sa jupe qui le gêne.<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Femme légère<br/><br/>Il cligne de l'œil<br/><br/>Qu’importe puisque c’est une belle fille<br/>
- 64<br/><br/>LE MARI à part<br/><br/>Ma foi il a raison<br/><br/>Puisque ma femme est homme<br/><br/>Il est juste que je sois femme<br/><br/>Au gendarme pudiquement.<br/><br/>Je suis une honnête femme-monsieur<br/><br/>Ma femme est un homme-madame<br/><br/>Elle a emporté le piano le violon l’assiette au beurre<br/><br/>Elle est soldat ministre merdecin<br/><br/>Mère des seins<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Ils ont fait explosion mais elle est plutôt merdecine<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Elle est mère des cygnes<br/><br/>Ah ! combien chantent qui vont périr<br/><br/>Ecoutez<br/><br/>Musette, air tris<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Il s’agit après tout de l’art de guérir les hommes<br/>
La musique s’en chargera<br/>Aussi bien que toute autre panacée<br/><br/>LE GENDARME<br/>Ça va bien pas de rouspétance<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Je me refuse à continuer la conversation<br/><br/>Au mégaphone<br/><br/>Où est ma femme<br/><br/>VOIX DE FEMMES dans les coulisses<br/><br/>Vive Tirésias<br/><br/>Plus d’enfants plus d’enfants<br/><br/>Tonnerre et grosse caisse<br/><br/>Le mari fait une grimace aux spectateurs et met à son oreille une main en cornet<br/>acoustique, tandis que le gendarme, tirant une pipe de sa poche, la lui offre.<br/>Grelots<br/><br/>LE GENDARME<br/>Eh ! fumez la pipe bergère<br/>Moi je vous jouerai du pipeau<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Et cependant la Boulangère<br/><br/>Tous les sept ans changeait de peau<br/>
— 66<br/><br/>LE GENDARME<br/>Tous les sept ans elle exagère<br/><br/>Le peuple de Zanzibar accroche une pancarte contenant cette ritournelle qu<br/>reste là<br/><br/>Eh ! fume% P*Pe Bergère<br/>Moi je vous jouerai du pipeau<br/>Et cependant la Boulangère<br/>Tous les 7 ans changeait de peau<br/>Tous les 7 ans elle exagère<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Mademoiselle ou Madame je suis amoureux fou<br/>De vous<br/><br/>Et je veux devenir votre époux<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Atchou<br/><br/>Mais ne voyez-vous pas que je ne suis qu’un homme<br/><br/>LE GENDARME<br/>Nonobstant quoi je pourrais vous épouser<br/>Par procuration<br/>
LE MARI<br/><br/>Sottises<br/><br/>Vous feriez mieux de faire des enfants<br/>LE GENDARME<br/><br/>Ah ! par exemple<br/><br/>VOIX D’HOMMES dans les couliases<br/><br/>Vive Tirésias<br/><br/>Vive le général Tirésias<br/><br/>Vive le député Tirésias<br/><br/>L'accordéon joue une marche militaire<br/>VOIX DE FEMMES dans les coulisses<br/><br/>Plus d’enfants Plus d’enfants<br/><br/>SCÈNE VIII<br/><br/>Les mêmes, LE KIOSQUE<br/><br/>Le kiosque où s'anime le bràs de la marchande se déplace lentement vers l’autre bout<br/>de la scène<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Fameux représentant de toute autorité<br/>Vous l’entendez c’est dit je crois avec clarté<br/>La femme à Zanzibar veut des droits politiques<br/>
— 68<br/><br/>Et renonce soudain aux amours prolifiques<br/>Vous l’entendez crier Plus d’enfants Plus d’enfants<br/>Pour peupler Zanzibar il suffit d’éléphants<br/>De singes de serpents de moustiques d’autruches<br/>Et stériles comme est l’habitante des ruches<br/>Qui du moins fait la cire et butine le miel<br/>La femme n’est qu’un neutre à la face du ciel<br/>Et moi je vous le dis cher Monsieur le gendarme<br/><br/>Au mégaphone<br/><br/>Zanzibar a besoin d’enfants sans mégaphone donnez l’alarme<br/><br/>Criez au carrefour et sur le boulevard<br/><br/>Qu’il faut refaire des enfants à Zanzibar<br/><br/>La femme n’en fait plus Tant pis Que l’homme en fasse<br/><br/>Mais oui parfaitement je vous regarde en face<br/><br/>Et j’en ferai moi<br/><br/>Vous<br/><br/>LE GENDARME ET LE KIOSQUE<br/><br/>LE KIOSQUE A mégaphone que lui tend le mari<br/><br/>Elle sort un bobard<br/><br/>Bien digne qu’on l’entende ailleurs qu'à Zanzibar<br/>
LE KIOSQUE<br/>
<br/>
— 71 —<br/><br/>Vous qui pleurez voyant la pièce<br/>Souhaitez les enfants vainqueurs<br/>Voyez l’impondérable ardeur<br/>Naître du changement de sexe<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Revenez dès ce soir voir comment la nature<br/>Me donnera sans femme une progéniture<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Je reviendrai ce soir voir comment la nature<br/>Vous donnera sans femme une progéniture<br/>Ne faites pas qu’en vain je croque le marmot<br/>Je reviens dès ce soir et je vous prends au mot<br/><br/>LE KIOSQUE<br/><br/>Comme est ignare le gendarme<br/>Qui gouverne le Zanzibar<br/>Le music-hall et le grand bar<br/>N’ont-ils pas pour lui plus de charmes<br/>Que repeupler le Zanzibar<br/>
SCÈNE VIII<br/><br/>LES MÊMES, PRESTO<br/><br/>PRESTO chatouillant le mari<br/><br/>Comment faut-il que tu les nommes<br/>Elles sont tout ce que nous sommes<br/>Et cependant ne sont pas hommes<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Je reviendrai ce soir voir comment la nature<br/>Vous donnera sans femme une progéniture<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Revenez donc ce soir voir comment la nature<br/>Me donnera sans femme une progéniture<br/><br/>TOUS en chœur<br/><br/>Ile dansent, le mari et le gendarme accouplés, Presto et le kiosque accouplés et<br/>changeant parfois de compagnons. Le peuple de Zanzibar danse seul en jouant<br/>de l'accordéon<br/><br/>Eh ! fumez la pipe Bergère<br/>
- 73 -<br/><br/>Moi je vous jouerai du pipeau<br/>Et cependant la Boulangère<br/>Tous les sept ans changeait de peau<br/>Tous les sept ans elle exagère<br/><br/>RIDEAU<br/>
<br/>
ACTE II<br/>
<br/>
Au même endroit, le même jour, au moment du coucher du soleil. Le meme décor<br/>orné de nombreux berceaux où sont les nouveau nés. Un berceau est vide aup ès d’une<br/>bouteille d’encre énorme, d’un pot à colle gigantesque, d’un porte-plume démesuré<br/>et d’une paire de ciseaux de bonne taille.<br/>
CHŒURS<br/><br/>I. Chœur du fond de la salle.<br/><br/>II. » de droite.<br/><br/>III. » de gauche.<br/><br/>Lamentablement<br/><br/>sostenuto<br/><br/>SW '<br/>
<br/>
EN TR’ACTE<br/>
<br/>
SCÈNE PREMIÈRE<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, LE MARI<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Il tient un enfant dans chaque bras. Cris continus d’enfants sur la scène, dans les<br/>coulisses et dans la salle pendant toute la scène ad libitum. On indique seulement<br/>quand et où ils redoublent.<br/><br/>Ah! c’est fou les joies de la paternité<br/>40.049 enfants en un seul jour<br/>Mon bonheur est complet<br/>Silence silence<br/><br/>Cris d'enfants au fond de la scène.<br/><br/>Le bonheur en famille<br/>Pas de femme sur les bras<br/><br/>Il laisse tomber les enfants<br/><br/>Silence<br/><br/>Cris d’enfants sur le côté gauche de la salle.<br/><br/>C’est épatant la musique moderne<br/><br/>Presque aussi épatant que les décors des nouveaux peintres<br/>Qui florissent loin des Barbares<br/>
1<br/><br/>LH GENDARMB<br/>
<br/>
85 —<br/><br/>A Zanzibar<br/><br/>Pas besoin d’aller aux ballets russes ni au Vieux-Colombier<br/>Silence silence<br/><br/>Cri* d’enfants sur le côté droit de la salle<br/>Grelots<br/><br/>Il faudrait peut-être les mener à la baguette<br/><br/>Mais il vaut mieux ne pas brusquer les choses<br/><br/>Je vais leur acheter des bicyclettes<br/><br/>Et tous ces virtuoses<br/><br/>Iront faire<br/><br/>Des concerts<br/><br/>En plein air<br/><br/>Peu à peu les enfants se taisent, il applaudit<br/><br/>Bravo bravo bravo<br/><br/>Entrez<br/><br/>On frappe<br/><br/>SCÈNE II<br/><br/>LES MÊMES, LE JOURNALISTE PARISIEN<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>Sa figure est nue, il n’a que la bouche. Il entre en dansant. Accordéon.<br/><br/>Hands up<br/>
— 86<br/><br/>Bonjour Monsieur le mari<br/><br/>Je suis correspondant d’un journal de Paris<br/><br/>LE MARI<br/><br/>De Paris<br/><br/>Soyez le bienvenu<br/><br/>LE JOURNALISTE fait le tour de la scène en dansant<br/><br/>Les journaux de Paris au mégaphone ville de l’Amérique<br/><br/>Sans mégaphone<br/><br/>Hourra<br/><br/>Un coup de revolver, le journaliste déploie le drapeau américain<br/><br/>Ont annoncé que vous avez trouvé<br/>Le moyen pour les hommes<br/>De faire des enfants<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Le journaliste replie le drapeau et s'en fait une ceinture.<br/><br/>Cela est vrai<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>Et comment ça<br/><br/>LE MARI<br/><br/>La volonté Monsieur elle nous mène à tout<br/>
- 87 -<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>Sont-ils nègres ou comme tout le monde<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Tout cela dépend du point de vue où l’un se place<br/><br/>Castagnettes.<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/>Vous êtes riche sans doute<br/><br/>Il fait un tour de danse<br/><br/>Point du tout<br/><br/>LE MARI<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/>Comment les élèverez-vous?<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Après les avoir nourris au biberon<br/>J’espère que ce sont eux qui me nourriront<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>En somme vous êtes quelque chose comme une fille-père<br/>Ne serait-ce pas chez vous instinct paternel maternisé<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Non c’est cher Monsieur tout à fait intéressé<br/>
L’enfant est la richesse des ménages<br/><br/>Bien plus que la monnaie et tous les héritages<br/><br/>Le journaliste note<br/><br/>Voyez ce tout petit qui dort dans son berceau<br/><br/>L’enfant crie, Le journaliste va le voir sur la pointe des pieds.<br/><br/>Il se prénomme Arthur et m’a déjà gagné<br/>Un million comme accapareur de lait caillé<br/><br/>Trompette d'enfant<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>Avancé pour son âge<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Celui-là Joseph l’enfant crie est romancier<br/><br/>Le journaliste va voir Joseph<br/><br/>Son dernier roman s’est vendu à 600.000 exemplaires<br/>Permettez que je vous en offre un<br/><br/>Descend Tun grand livre-pancarte [à plusieurs feuillets sur lesquels on lit au premier<br/>feuillet :<br/><br/>Quelle chance !<br/><br/>Roman<br/><br/>Lisez-le à votre aise<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Le journaliste se couche, le mari tourne les autres feuillets sur lesquels on lit à<br/>raison d’un mot par feuillet.<br/><br/>Une dame qui s'appelait Cambron<br/>
— 89<br/><br/>LE JOURNALISTE Se relève et au mégaphone<br/><br/>Une dame qui s’appelait Cambron<br/><br/>Il rit au mégaphone sur les quatre voyelles : a<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Il y a cependant là une manière polie de s’exprimer<br/><br/>LE JOURNALISTE Sans mégaphone<br/><br/>Ah! ah! ah ! ah !<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Une certaine préciosité<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>Eh! eh !<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Qui ne court point les rues<br/><br/>Hands up<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Enfin tel qu’il est<br/><br/>Le roman m’a rapporté<br/><br/>Près de 200.000 francs<br/><br/>Plus un prix littéraire<br/><br/>Composé de 20 caisses de dynamite<br/>
9o —<br/><br/>LE JOURNALISTE >e retire à reculons.<br/><br/>Au revoir<br/><br/>LE MARI<br/><br/>N’ayez pas peur elles sont dans mon coffre-fort à la banque<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/><br/>Ail right<br/><br/>Vous n’avez pas de fille<br/><br/>LE MAKI<br/><br/>Si fait celle-ci divorcée<br/><br/>Elle crie. Le journaliste va la voir<br/><br/>Du roi des pommes de terre<br/><br/>En reçoit une rente de 100.000 dollars<br/><br/>Et celle-ci (elle crie) plus artiste que quiconque à Zanzibar<br/><br/>Le journaliste s'exerce à boxer<br/><br/>Récite de beaux vers par les mornes soirées<br/>Ses feux et ses cachets lui rapportent chaque an<br/>Ce qu’un poète gagne en cinquante mille ans<br/><br/>LE JOURNALISTE<br/>Je vous félicite my dear<br/>Mais vous avez de la poussière<br/>
Sur votre cache-poussière<br/><br/>Le mari sourit comme pour remercier le journaliste qui tient le grain de poussière<br/>a la main<br/><br/>Puisque vous êtes si riche prêiez-moi cent sous<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Remettez la poussière<br/><br/>Tous les enfants crient. Le mari chasse le journaliste à coups de pied Celui-ci sort<br/>en dansant.<br/><br/>SCÈNE III<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, LE MARI<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Eh oui c’est simple comme un périscope<br/>Plus j’aurai d’enfants<br/><br/>Plus je serai riche et mieux je pourrai me nourrir<br/><br/>Nous disons que la morue produit assez d’œufs en un jour<br/><br/>Pour qu’éclos ils suffisent à nourrir de brandade et d’aioli<br/><br/>Le monde entier pendant une année entière<br/><br/>N’est ce pas que c’est épatant d’avoir une nombreuse famille<br/><br/>Quels sont donc ces économistes imbéciles<br/>
— 92 —<br/><br/>Qui nous ont fait croire que l’enfant<br/><br/>C’était la pauvreté<br/><br/>Tandis que c’est tout le contraire<br/><br/>Est-ce qu’on a jamais entendu parler de morue morte dans la misère<br/><br/>Aussi vais-je continuer à faire des enfants<br/><br/>Faisons d’abord un journaliste<br/><br/>Comme ça je saurai tout<br/><br/>Je devinerai le surplus<br/><br/>Et j’inventerai le reste<br/><br/>Il se met à déchirer avec la bouche et les mains des journaux, il trépigne. Son jeu<br/>doit être très rapide.<br/><br/>Il faut qu’il soit apte à toutes les besognes<br/>Et puisse écrire pour tous les partis<br/><br/>Il met les journaux déchirés dans le berceau vide.<br/><br/>Quel beau journaliste ce sera<br/>Reportage articles de fond<br/>Et cœtera<br/><br/>Il lui faut un sang puisé dans l’encrier<br/><br/>Il prend la bouteille d’encre et la verse dans le berceau.<br/><br/>Il lui faut une épine dorsale<br/><br/>Il met un énorme porte-plume dans le berceau.<br/><br/>De la cervelle pour ne pas penser<br/><br/>Il verse le pot à colle dans le berceau.<br/>
Il met les ciseaux dans le berceau.<br/><br/>— 93 —<br/><br/>Une langue pour mieux baver<br/><br/>Il faut encore qu’il connaisse le chant<br/>Allons chantez<br/><br/>Tonnerre.<br/><br/>SCÈNE IV<br/><br/>Les mêmes, LE FILS<br/><br/>Le mari répète : « une, Jeux ! » jusqu'à la fin du monologue du fils.Cette scène se passe très<br/>rapidement.<br/><br/>LE FILS se dressant dans le berceau<br/><br/>Mon cher Papa si vous voulez savoir enfin<br/><br/>Tout ce qu'ont fait les aigrefins<br/><br/>Faut me donner un petit peu d’argent de poche<br/><br/>L’arbre d’imprimerie étend feuilles et feuilles<br/><br/>Qui vous claquent au vent comme des étendards<br/><br/>Les journaux ont poussé faut bien que tu les cueilles<br/><br/>Fais-en de la salade à nourrir tes moutards<br/><br/>Si vous me donnez cinq cents francs<br/><br/>Je ne dis rien de vos affaires<br/><br/>Sinon je dis tout je suis franc<br/>
94 —<br/><br/>Et je compromets père soeurs et frères<br/><br/>J’écrirai que vous avez épousé<br/><br/>Une femme triplement enceinte<br/><br/>Je vous compromettrai je dirai<br/><br/>Que vous avez volé tué donné sonné barbé<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Bravo voilà un maître chanteur<br/><br/>LE FILS<br/><br/>Le fil» sort du berceau<br/><br/>Mes chers parents en un seul homme<br/><br/>Si vous voulez savoir ce qui s’est passé hier soir<br/><br/>Voici<br/><br/>Un grand incendie a détruit les chutes du Niagara<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Tant pis<br/><br/>LE FILS<br/><br/>Le beau constructeur Alcindor<br/>Masqué comme les fantassins<br/>Jusqu'à minuit joua du cor<br/>Pour un parterre d’assassins<br/>
— 95 —<br/><br/>Et je suis sûr qu’il sonne encore<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Pourvu que ce ne soit pas dans cette salle<br/><br/>LE FILS<br/><br/>Mais la Princesse de Bergame<br/>Epouse demain une dame<br/>Simple rencontre de métro<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Que m'importe est-ce que je connais ces gens-là<br/>Je veux de bonnes informations qui me parlent de mes<br/><br/>LE FILS II fait remuer un berceau.<br/><br/>On apprend de Montrouge<br/>Que Monsieur Picasso<br/>Fait un tableau qui bouge<br/>Ainsi que ce berceau<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Et vive le pinceau<br/>l’ami Picasso<br/><br/>Castagnettes ■<br/><br/>amis<br/>
— 96<br/><br/>O mon fils<br/><br/>A une autre fois je connais maintenant<br/><br/>Suffisamment<br/><br/>La journée d’hier<br/><br/>LE FILS<br/><br/>Je m’en vais afin d’imaginer celle de demain<br/><br/>Bon voyage<br/><br/>Exit le fils.<br/><br/>LE MARI<br/><br/>SCÈNE V<br/><br/>LE PEUPLE DE ZANZIBAR, LE MARI<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Celui-ci n’est pas réussi<br/>J’ai envie de le déshériter<br/><br/>A ce moment arrivent des radios-pancartes.<br/><br/>Ottawa<br/><br/>incendie établissements j.c.b stop 20000 poèmes en prose consumés<br/>stop président envoie condoléances<br/>
97 —<br/><br/>tome<br/><br/>h.nr.m.t.ss. directeur villa rnédicis achève portrait SS<br/><br/>avignon<br/><br/>grand artiste g-.rg.s braque vient inventer procédé culture intensive<br/>des pinceaux.<br/><br/>vancouver retardé dans la transmission<br/>Chiens monsieur Paul Léaut..d en grève<br/><br/>I.E MARI<br/><br/>Assez assez<br/><br/>Quelle fichue idée j’ai eue de me fier à la Presse<br/>Je vais être dérangé<br/>Toute la sainte journée<br/>Il faut que ça cesse<br/><br/>Au mégaphone<br/><br/>Allô allô Mademoiselle<br/><br/>Je ne suis plus abonné au téléphone<br/><br/>Je me désabonne<br/><br/>Sans mégaphone<br/><br/>Je change de programme pas de bouches inutiles<br/><br/>Economisons économisons<br/><br/>Avant tout je vais faire un enfant tailleur<br/>
- 9» ~<br/><br/>Je pourrai bien vêtu aller en promenade<br/>Et n’étant pas trop mal de ma personne<br/>Plaire à mainte jolie personne<br/><br/>SCÈNE VI<br/><br/>Les mêmes, LE GENDARME<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Il paraît que vous en faites de belles<br/>Vous avez tenu parole<br/>40.050 enfants en un jour<br/>Vous secouez le pot-de-fleurs<br/><br/>Je m’enrichis<br/><br/>LE MARI<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>Mais la population Zanzibarienne<br/>Affamée par ce surcroît de bouches à nourrir<br/>Est en passe de mourir de faim<br/>
- 99 ~<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Donnez-lui des cartes ça remplace tout<br/>LE GENDARME<br/><br/>Où se les procure-t-on ?<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Chez la Cartomancienne<br/><br/>Extra-lucide<br/><br/>LE GENDARME<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Parbleu puisqu’il s’agit de prévoyance<br/><br/>SCÈNE VII<br/><br/>Les mêmes, LA CARTOMANCIENNE<br/>LA CARTOMANCIENNE<br/><br/>Elle arrive du fond de la salle. Son crâne est|éclairé électriquement.<br/><br/>Chastes citoyens de Zanzibar me voici<br/><br/>LE- MARI<br/><br/>Encore quelqu’un<br/>Je n’y suis pour personne<br/>
IOO<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE<br/>J’ai pensé que vous ne seriez pas fâchés<br/>De savoir la bonne aventure<br/><br/>LE GENDARME<br/>Vous n’ignorez pas Madame<br/>Que vous exercez un métier illicite<br/>C’est étonnant ce que font les gens<br/>Pour ne point travailler<br/><br/>LE MARI au gendarme<br/><br/>Pas de scandale chez moi<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE à un spectateur<br/><br/>Vous Monsieur prochainement<br/>Vous accoucherez de trois jumeaux<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Déjà la concurrence<br/><br/>UNE DAME (spectatrice dans la salle)<br/><br/>Madame la Cartomancienne<br/>Je crois bien qu’il me trompe<br/><br/>Vaisselle casse'e<br/>
JEn youEZ vouj<br/><br/>UX J>& M A FAIJÎLÉ^ g<br/><br/>THÉRÈSE, LE GENDARME ET LE MARI<br/>
<br/>
— io3 —<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE<br/>Conservez-le dans la marmite norvégienne<br/><br/>Elle monte sur la scène, cris d’enfants, accordéon<br/><br/>Tiens une couveuse artificielle<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Seriez-vous le coiffeur coupez-moi les cheveux<br/>LA CARTOMANCIENNE<br/><br/>Les demoiselles de New-York<br/>Ne cueillent que les mirabelles<br/>Ne mangent que du jambon d’York<br/>C’est là ce qui les rend si belles<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Ma foi les dames de Paris<br/>Sont bien plus belles que les autres<br/>Si les chats aiment les souris<br/>Mesdames nous aimons les vôtres<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE<br/>C’est-à-dire vos sourires<br/><br/>TOUS en choeur<br/><br/>Et puis chantez matin et soir<br/>
— 104 —<br/><br/>Grattez-vous si ça vous démange<br/>Aimez le blanc ou bien le noir<br/>C’est bien plus drôle quand ça change<br/>Suffit de s’en apercevoir<br/>Suffit de s’en apercevoir<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE<br/>Chastes citoyens de Zanzibar<br/>Qui ne faites plus d’enfants<br/>Sachez que la fortune et la gloire<br/>Les forêts d’ananas les troupeaux d’éléphants<br/>Appartiennent de droit<br/>Dans un proche avenir<br/><br/>A ceux qui pour les prendre auront fait des enfants<br/><br/>Tous les enfants se mettent à crier sur la scène et dans la salle. La cartomancienne<br/>fait les cartes qui tombent du plafond. Puis les enfants se taisent.<br/><br/>Vous qui êtes si fécond<br/><br/>LE MARI ET LE GENDARME<br/><br/>Fécond fécond<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE au mari<br/><br/>Vous deviendrez io fois milliardaire<br/><br/>Le mari tombe assis par terre<br/>
io5 —<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE au gendarme<br/><br/>Vous qui ne faites pas d’enfants<br/>Vous mourrez dans la plus affreuse des débines<br/>LE GENDARME<br/><br/>Vous m’insultez<br/><br/>Au nom de Zanzibar je vous arrête<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE<br/>Toucher une femme quelle honte<br/><br/>Elle le griffe et l’étrangle. Le mari lui tend une pipe<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Eh! fumez la pipe Bergère<br/>Moi je vous jouerai du pipeau<br/>Et cependant la Boulangère<br/>Tous les sept ans changeait de peau<br/><br/>LA CARTOMANCIENNE<br/>Tous les sept ans elle exagère<br/><br/>LE MARI<br/><br/>En attendant je vais vous livrer au commissaire<br/>Assassine<br/>
iob —<br/><br/>THERESE se débarrassant de ses oripeaux de cartomancienne<br/><br/>Mon cher mari ne me reconnais-tu pas<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Thérèse ou bien Tirésias<br/><br/>Le gendarme ressuscite<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Tirésias se trouve officiellement<br/>A la tête de l’Armée à la Chambre A l’hôtel de Ville<br/>Mais sois tranquille<br/><br/>Je ramène dans une voiture de déménagement<br/><br/>Le piano le violon l’assiette au beurre<br/><br/>Ainsi que trois dames influentes dont je suis devenu l’amant<br/><br/>LE GENDARME<br/>Merci d’avoir pensé à moi<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Mon général mon député<br/><br/>Je me trompe Thérèse<br/><br/>Te voilà plate comme une punaise<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Qu’importe viens cueillir la fraise<br/>
— 107 —<br/><br/>Avec la fleur du bananier<br/>Chassons à la zanzibaraise<br/>Les éléphants et viens régner<br/>Sur le grand cœur de ta Thérèse<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Thérèse<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Qu’importe le trône ou la tombe<br/>Il faut s’aimer ou je succombe<br/>Avant que ce rideau ne tombe<br/><br/>LE MARI<br/><br/>Chère Thérèse il ne faut plus<br/><br/>Que tu sois plate comme une punaise<br/><br/>Il prend dans la maison un bouquet de ballons et un panier de balles<br/><br/>En voici tout un stock<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Nous nous en sommes passés l’un et l'autre<br/>Continuons<br/><br/>LE MARI<br/><br/>C’est vrai ne compliquons pas les choses<br/>
— i o8 —<br/><br/>Allons plutôt tremper la soupe<br/><br/>THÉRÈSE<br/><br/>Elle lâche le» ballons d'enfants et lance les balles aux spectateurs<br/><br/>Envolez-vous oiseaux de ma faiblesse<br/>Allez nourrir tous les enfants<br/>De la repopulation<br/><br/>TOUS en choeur<br/><br/>Le peuple de Zanzibar danse en secouant des grelots,<br/><br/>H IDEAU<br/>
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ACHEVÉ D’iMPRXMBR POUR SIC<br/>LE PREMIER JANVIER IÇl8 PAR<br/>LA SOCIÉTÉ d'iMPRIMBRIE LEVÉ,<br/>RUE DE RENNES, 71, PARIS.<br/><br/>Il a été tiré à part :<br/><br/>J exemplaires nominatifs sur Chine.<br/><br/>2 exemplaires sur Vieux Japon à la forme numérotés I et 2.<br/>4 exemplaires sur Japon Impérial numérotés de 3 à 6.<br/>6 exemplairessur Hollande Van Geldernumérotés de 7a 12.<br/><br/>EXEMPLAIRE N0<br/>
r<br/>
<br/><br/><br/><br/>1<br/>
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