4 ble arrière-pensée soigneusement parée de fioritures d’attitude, retouchent la création avec une persévé rance et une habileté diaboliques. Tel apparaît Picasso. Il ne crée rien mais prend les choses que Dieu mit dans le commerce et en use comme ces terribles vieil lards pleins d’une avide jeunesse font des petites vierges, ou mieux comme ces sectateurs dont parle Victor Hugo qui transforment les petits enfants en monstres pitoyables ou grotesques. Mais dans ses oeuvres, Picasso ne nous venge pas seulement de Dieu, mais des autres peintres qui songèrent à par faire le travail du premier peintre de l’Univers. Et ma parole, parfois, il nous venge de lui-même. Qu'il passe du Paradis à l'Enfer à travers le Purga toire, il ne nous fait pas sortir de la Terre, celle de la Création. Celle-ci porte les traces du Génie. Mais le Génie comme Lucifer et les Maudits ne sont que de consentement divin. Le grand Vieillard à barbe de Michel-Ange n’est pas en danger. Ce n'est pas Pi casso qui montera sur son trône : si haut qu’il monte, le peintre ne s’assiéra qu’à ses pieds. Tout autres sont quelques peintres de ce temps, — je me garderai bien de les énumérer, de peur qu’on me prenne au mot et me montre l’envers de leur appa rence — tout autres sont-ils qui se mettent à créer eux aussi un univers, régi par ses lois propres, ou mieux encore par des lois à transformation, ce qui revient à nier l'existence même de toute loi. Tel sem ble Man Ray. Et cela satisfait pour un temps le besoin de miracle qui dresse chaque individu au-dessus du Réel. J'écrivais, il y a quelques années : « Pour quelques- uns ce miracle n’est pas nécessaire, ce n’est qu’un article de Bazar. Ils ont mieux dans les mains et le distribuent sans tremblement de derviche tourneur.