9 graphies abstraites s’applique aussi bien aux pein tures qu’on pourrait dire mécaniques, aux cubistes et autres, dont la dénomination importe peu, et serait d’ailleurs fausse autant que celle que je souligne ici. On aurait tort de croire que les périodes caractéri sées par ces diverses peintures, totalement différen tes, se sont enchaînées dans une progrssion continue et insensible. Elles ont au contraire leur existence propre et fermée. Elles peuvent coexister même quel que temps en se compénétrant comme les noirs et les blancs d’une partie d’échecs. Mais toujours, chacune dans leur domaine, elles constituent un Univers nou veau et distinct, en dehors des préoccupations plasti ques, et cependant ce sont des oeuvres plastiques, d’un charme plastique, qu’elles mettent en circulation. La chose paraîtra toute naturelle si l’on considère ses tableaux faits, comme disent les critiques d’art, avec de vrais pinceaux, de vraies couleurs, sur de la vraie toile, variations mi-expressionnistes, mi-impres- sionnistes sur Paris ou sur New-York, par exemple, et qui dissimulent une sorte d’humour extra-humain suffisant à éclairer le vrai sens de l’œuvre. Mais où le mystère se dévoile tour à tour de l’ombre et de la lumière, avec le même charme que celui de ces pa piers plissés et découpés qui dépliés donnent nais sance à d’étonnantes fleurs japonaises à transforma tion, c’est dans les dernières photographies abstraites, qui devaient conduire tout naturellement aux images en mouvement du film L’Etoile de Mer, dernier stade de l'activité actuelle de Man Ray. Man Ray a toujours songé à tuer la plastique... Meur tre d’amour. Mais pour faire durer son plaisir plus longtemps, il n'a cessé de lui refaire une virginité. A fouiller dans le bric-à-brac des poètes et les lieux com muns confiés à la teinturière des muses, on peut par-