Voyage de Noces Après déjà quelques jours de voyage,-, (Qui vous voudrez). Jean-Marie laissa prendre à Sabine le lit qu’elle aimait mieux. Pendant qu’elle s’installait, il erra dans le couloir, appuyant soi*. Iront à chaque vitre tour à tour pour imaginer que c’était cela qui changeait le paysage, et non l’allée du train. Il goûtait la volupté de la course dans la nuit, avec l’oubli des villes et des avant-gares, la proche ivresse des rapides croisés en un vent de lumière parmi des plaines inconnues. Sabine l’appelait. Il vint s’asseoir près d’elle. Jean-Marie déclara à Sabine : —- Je vous aime — et Sabine ne l’en dédit point. Mais Jean-Marie répéta : — Je vous aime — — Je sais — approuva Sabine. — Voilà, je vous aime — — N’avez-vous pas autre chose à me raconter ? Vous m’ennuvez ! — Jean-Marie la regarda douloureusement. — Mais oui, Sabine. Seulement je n’y pensais pas. — Vous vous étonnez de voyager sur terre avec tant d’agrément. Moi je connais mieux — Sabine s’allongeait, se tournait, attendait. Cela s’est passé un soir. Ma chatte noire ouvrait vers moi ses yeux verts. Ils devinrent étrangement verts dans la nuit. Et la bête, ombrée mais visible, semblait sourire, se moquer. Il y avait en elle une tuerie de volupté, et elle se mit à miauler d’un miaulement rauque. Je devinais en elle une sourde puissance, et sans haine, mais sans pitié, elle s’emparait de mon âme. Ma volonté se mourait devant, d’indicibles commandements. Oh ! ce rauque miaulement et ces yeux verts, si verts, si verts ! — Dehors. La pluie avait lavé la rue et les pavés luisaient sous les réverbères comme un miroir sous une bougie. Partir ! je ne songeais qu’à partir. Mais où aller ? Des pensées nrobsé- daient. Je m’arrêtai soudain : je voyais devant moi des yeux verts. Mon dos trembla de haut en bas. Pourtant mes os sentaient le soleil. Peur ! Peur ! Et tout à coup un grelot tintant à mon oreille, dans ma tête, m’obligeant à courir. Et ces yeux verts qui ne me quittaient pas !