Hors de sa chaise, elle venait à lui, la main tendue, sans aucune
rancune pour le malheureux jeter de la prune.
Jacqueline arrangeait un peu ses cheveux.
— Françoise ne veut-elle pas jouer ce matin ? —
demanda-t-il.
— Mais oui ; elle est déjà sur le court avec Jean et Philippe —
Il suivait Polly Vannes.
A mi-chemin ils entendirent Jean et Philippe qui scandaient
le Pœan des joueurs de tennis :
Nous ceignons nos reins
Avec les tricots de. soie qui nous servaient
De cravates
Quand nous prenions le thé
Auprès de ces jeunes filles
Qui savent trop bien fumer
Et boxer
Pour qu’on les couche de force.
— Hello ! H elle ! --
cria Polaire.
— 011 é ! Qllé ! --
répondit le Pœan interrompu.
Polaire derrière Polly Vannes et Jacqueline qui l’avait rejointe,
respirait mêlé aux senteurs de Cologne, le parfum tentant des
chairs jeunes, fraîches encore de l’eau courante de la toilette.
Mais il recula devant la tentation pour mieux sauter le filet,
et sa main droite à la raquette, l’autre aux trois balles, il demanda,
dans la langue.de son adversaire
— Play ? —
Or, pendant qu’ils jouaient, un train se montrait dans sa loin
taine arrivée à la ville, là-bas, de l’autre côté du lac ; et Polaire,
murmura en lui-même, comme il murmurait tous les matins pour
que la destinée ne pût être prise en faute.
— Voici le train qui amène peut-être celle qui m’aimera --
Hélène dormait dans ce train. L’après-midi on canota. Le soir
même Polaire connut Hélène. Hélène et Polaire ne s’aimèrent
pas.